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L'ART.
l'auguste toit de Louis », il pourrait contracter une manière « plus grande, plus mâle et plus
fière » :
Le goût participe au séjour
Et le lieu qu'on habite inspire;
Près d'être un Homère à la cour,
Virgile aux champs n'est qu'un Tityre
Ces promesses et ces espérances n'avaient point eu d'effet. L'atelier demandé en même
temps par plusieurs sculpteurs, notamment par Adam l'aîné, comme « propre à faire de grands
morceaux », avait été refusé à notre peintre, qui dut se contenter jusqu'à nouvel ordre de son
logement de la rue de Grenelle-Saint-Honoré, vis-à-vis la rue des Deux-Ecus ~. Peu de temps
après, il est vrai, on lui accorda, comme dédommagement, un atelier à la Bibliothèque du
Roi, au-dessous du cabinet des médailles, dans les salles du rez-de-chaussée, ouvrant sur la cour
intérieure 3, et que Restout, Vien et Houdon occupèrent successivement après lui.
La Muse Erato.
Peinture qui fut commandée à Boucher par la marquise de Pompadour.
C'est du nouveau directeur général que Boucher devait tenir cet atelier si désiré « aux gale-
ries du Louvre ». Celui de Charles-Antoine Coypel, premier peintre et garde des dessins du
Roi, devenait vacant par suite de la mort de son titulaire, le 14 juin 1732. Cochin fut nommé au
cabinet des dessins, et, dans le monde des artistes, Boucher fut désigné au premier rang des
candidats papabili pour les fonctions de premier peintre. On lit en effet dans une lettre écrite
alors de Rome par Natoire à son ami Ant. Duchesne 4 : « Cette belle place ne convient point à
tous. Si j'étais sur les lieux et qu'on me fît l'honneur de (me) mettre sur les rangs, je ne me
soucierais point de succéder à un homme tel que celui que nous venons de perdre..... Je
m'imagine entendre tous les discours de Boucher et ceux de Van Loo : les voilà tous deux dans
1. Œuvres complètes. Epitres. Tome VI. (Edition de 1767.)
2. Voici la liste des logements successivement occupés par Boucher, de son entrée à l'Académie à sa mort. Jusqu'en 1743, il habite rue
Saint-Thomas-du-Louvre, près l'hôtel de Longueville ; de 1744 à 1749, rue de Grenelle-Saint-Honoré, vis-à-vis la rue des Deux-Ecus ; de
1750 à 1732, rue Richelieu, près le Palais-Royal ; de 1732 jusqu'à sa mort, au vieux Louvre. — (Almanach Royal, 1714-1770.)
3. Blondel, Architecture française, tome III.
4. Archives de l'art français, tome II, page 246.
L'ART.
l'auguste toit de Louis », il pourrait contracter une manière « plus grande, plus mâle et plus
fière » :
Le goût participe au séjour
Et le lieu qu'on habite inspire;
Près d'être un Homère à la cour,
Virgile aux champs n'est qu'un Tityre
Ces promesses et ces espérances n'avaient point eu d'effet. L'atelier demandé en même
temps par plusieurs sculpteurs, notamment par Adam l'aîné, comme « propre à faire de grands
morceaux », avait été refusé à notre peintre, qui dut se contenter jusqu'à nouvel ordre de son
logement de la rue de Grenelle-Saint-Honoré, vis-à-vis la rue des Deux-Ecus ~. Peu de temps
après, il est vrai, on lui accorda, comme dédommagement, un atelier à la Bibliothèque du
Roi, au-dessous du cabinet des médailles, dans les salles du rez-de-chaussée, ouvrant sur la cour
intérieure 3, et que Restout, Vien et Houdon occupèrent successivement après lui.
La Muse Erato.
Peinture qui fut commandée à Boucher par la marquise de Pompadour.
C'est du nouveau directeur général que Boucher devait tenir cet atelier si désiré « aux gale-
ries du Louvre ». Celui de Charles-Antoine Coypel, premier peintre et garde des dessins du
Roi, devenait vacant par suite de la mort de son titulaire, le 14 juin 1732. Cochin fut nommé au
cabinet des dessins, et, dans le monde des artistes, Boucher fut désigné au premier rang des
candidats papabili pour les fonctions de premier peintre. On lit en effet dans une lettre écrite
alors de Rome par Natoire à son ami Ant. Duchesne 4 : « Cette belle place ne convient point à
tous. Si j'étais sur les lieux et qu'on me fît l'honneur de (me) mettre sur les rangs, je ne me
soucierais point de succéder à un homme tel que celui que nous venons de perdre..... Je
m'imagine entendre tous les discours de Boucher et ceux de Van Loo : les voilà tous deux dans
1. Œuvres complètes. Epitres. Tome VI. (Edition de 1767.)
2. Voici la liste des logements successivement occupés par Boucher, de son entrée à l'Académie à sa mort. Jusqu'en 1743, il habite rue
Saint-Thomas-du-Louvre, près l'hôtel de Longueville ; de 1744 à 1749, rue de Grenelle-Saint-Honoré, vis-à-vis la rue des Deux-Ecus ; de
1750 à 1732, rue Richelieu, près le Palais-Royal ; de 1732 jusqu'à sa mort, au vieux Louvre. — (Almanach Royal, 1714-1770.)
3. Blondel, Architecture française, tome III.
4. Archives de l'art français, tome II, page 246.