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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 12.1886 (Teil 1)

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Michel, André: Franҫois Boucher
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https://doi.org/10.11588/diglit.19705#0065

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54 L'ART

et les modèles de quatre petites statues pour son château de Crécy. « J'approuve fort, écrivait
Marigny, que les sieurs Coustou et Vassé fassent les deux petites statues qui restent à donner
pour Crécy... Vous vous ressouviendrez que je veux conserver les dessins de Boucher. » « Les
modèles des quatre petites statues sont en train, répondait Lépicié le 12 juillet 1753, et me
paraissent bien rendre le tour et les grâces que M. Boucher a mis dans ces dessins1. » Ce
n'étaient pas cette fois des déesses mythologiques, mais de petits sujets familiers : une jardi-
nière, une batteuse de beurre, une laitière, que Ton retrouve catalogués dans l'inventaire du
cabinet de feu M. le marquis de Ménars.

Il remplissait consciencieusement enfin ses devoirs d'académicien et de professeur. Le
4 juin 1753, il fait partie, avec Sylvestre, Vanloo, Lépicié et Pierre, d'une commission
chargée d'aller examiner la collection du marquis de Crillon, près des Célestins, et d'y choisir
les tableaux dignes d'entrer au Cabinet du Roi; le 25 septembre, il est désigné avec les mômes
collègues pour vérifier « l'état des tableaux de Rubens, décorant la galerie de ce nom, au palais
du Luxembourg, qui se trouvent attaqués de gris » et « constater par un procès-verbal si le
secret de la dame Godefroy et du sieur Colin pour enlever les gris de ces tableaux sans les
déplacer, peut, indépendamment de la réussite de l'opération, ne leur apporter et causer par la
suite aucun dommage2 ». Il a ses élèves, qu'il est toujours prêt à appuyer et à aider, et dont
les succès le réjouissent. En 1748, le premier prix de peinture de l'Académie est obtenu par le
sieur La Traverse, élève de M. Boucher; en 1750, le lauréat du concours est le sieur Mélinde,
élève de M. Boucher; en 1751, c'est Deshays, élève de M. Boucher, qui est envoyé à Rome.
Le 3i décembre 1753, Carie Vanloo, gouverneur des élèves protégés, est averti par une note de
« recevoir à ladite école le sieur Brenet, peintre d'histoire, élève de M. Boucher, qui a remporté
le prix de peinture par le jugement rendu le 29 décembre 1753, et le sieur Fragonard, peintre
d'histoire, élève de M. Boucher, qui a remporté le premier prix de peinture par le jugement
rendu le 26 août 17523 ».

Pour tenir tête à tant de travaux, de besogne et de soins, il faut faire presto. On peut dire
que Boucher était dès lors trop occupé.' Aussi, quand Reynolds, passant par Paris vers cette
époque, alla lui rendre visite, il le trouva en train de peindre un fort grand tableau pour lequel il
n'employait « ni esquisse, ni modèle d'aucun genre. Sur ce que je lui en témoignai ma surprise, il
me répondit qu'il avait regardé le modèle comme nécessaire pendant sa jeunesse, lorsqu'il étudiait
son art, mais qu'il y avait longtemps qu'il ne s'en servait plus...4 » Quand il peignait le Peintre
dans son atelier, de la galerie La Caze, il accrochait encore un portefeuille d'études et des
esquisses à côté du chevalet ; le portefeuille a disparu de la Peinture, gravée en mai 1732 par
Marie-Madeleine Igonet, où il s'est représenté en robe de chambre et bonnet de coton, à la
Chardin, assis devant sa toile, dans tout le feu du travail, au milieu de son atelier plein de vie,
encombré d'un amusant fouillis, entre sa femme qui, un enfant dans les bras, regarde par dessus
son épaule, et deux jeunes garçons, dont l'un broie des couleurs, l'autre tient un cartable.
Il n'allait bientôt plus avoir le temps, non seulement d'étudier la nature, mais môme de consacrer
à ses tableaux le minimum de travail indispensable. En outre, sa main s'alourdit : la Pastorale
du Louvre (n° 27), datée de 1753, est déjà une bien médiocre peinture, lourde et sans flamme.
Ce n'est encore qu'un accident, mais c'est un symptôme inquiétant. Il arrive au moment du
déclin. On sent que Boucher va descendre l'autre versant de la colline ; le « peintre des Grâces »
va vieillir. Lugete Vénères Cupidinesque !

André Michel.

1. Arch. nat., (D'icjoy.

2. Arch. nat., O1 ig3i.

3. Arch. nat., O11196.

4. Douzième discours prononcé le 10 décembre 1784. Œuvres complètes, tome I", page 437. (1806, in-8°.)
 
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