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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 12.1886 (Teil 1)

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Elmic, Elim: Vente de tableaux, aquarelles & pastels de M. Edmond Yon
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https://doi.org/10.11588/diglit.19705#0074

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62

L'ART

La participation d'un artiste à chacun de nos Salons annuels étant limitée à deux ouvrages
seulement, il ne lui est guère possible de manifester, dans ces conditions, ce que son talent
peut avoir de souplesse et de fécondité. Il est donc naturel que beaucoup d'entre eux songent à
organiser des expositions particulières, dans lesquelles ils font mieux paraître ces qualités. Tel
est le but que s'est proposé M. Yon en mettant en vente, le 4 février prochain, une réunion de
cinquante-cinq tableaux à l'huile et de plusieurs aquarelles et pastels qui témoignent de l'extrême
diversité de ses aptitudes. Les motifs de ces paysages sont empruntés aux contrées les plus
variées, à la Sologne, à la Normandie, aux plages de notre littoral du Nord, aux bords de l'Oise
et à la Hollande. Toutes les saisons, toutes les heures du jour et tous les effets s'y trouvent
représentés, avec une franchise d'impression qui frappe dès le premier abord. Nous goûtons
particulièrement les nombreuses toiles que M. Yon a rapportées de son dernier séjour sur les
bords de l'Oise. C'est avec un charme singulier qu'il a su rendre les aspects divers de cette
gracieuse rivière, qui tantôt étend en droite ligne les lointaines perspectives des saules ou des
peupliers qui bordent son cours, et tantôt s'attarde paresseuse en de longs circuits parmi ces
aimables prairies où l'artiste sait, avec un à-propos exquis, piquer des myriades de fleurettes,
mignonnes et diaprées. La plus importante des compositions qu'elle lui a inspirées : le Trou aux
Carpes, nous paraît une des meilleures peintures de M. Yon. La douceur de ce jour à demi
voilé, ces arbres au feuillage jaunissant et ces berges dont les roseaux déjà flétris par les
premiers froids s'opposent si délicatement aux colorations bleuâtres des eaux, tout cela forme un
ensemble aussi vrai que poétique.

A côté de ces aspects gais ou mélancoliques, des grèves nues et désolées, des flots tumultueux
et des arbres courbés par la tempête, les herbages plantureux des fermes normandes, la mer
grise sous le ciel menaçant ou les capricieuses envolées de nuages qui se déploient au-dessus des
grands fleuves hollandais, bien d'autres motifs encore, offrent, par leur réunion, les contrastes
les plus saisissants et les plus heureux. Dans ces toiles, de dimensions généralement restreintes,
on chercherait en vain la trace d'une défaillance ou d'une indécision ; tout y est clair, vif, net et
juste, sincère et de bon aloi.

A la suite des deux jours de l'exposition qui sera faite de tous ces ouvrages le Ier et
le 2 février, clans les salles de M. Petit (12, rue Godot-de-Mauroi), une autre exposition aura
lieu à l'hôtel Drouot le 3 février, veille du jour de la vente. Nous croyons que les amateurs de
bonne peinture saisiront avec empressement l'occasion qui leur est offerte de témoigner à M. Yon
toutes les sympathies que mérite son talent.

Eli m Elmic.

l'Oise près de Paimprez.
Dessin d'Edmond Yon, d'après son tableau. — (N° 22 du catalogue de sa vente.)
 
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