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Petitgrand, V.: Notes d'un voyage: croquis d'architecture, en France, [1]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19705#0142
11S L'ART.
mais jardin potager, trop vanté et assommant. Les châteaux historiques de la vallée étant
connus, rebattus, photographiés sur toutes les faces, allons plus loin, passons Tours, — l'enva-
hissement des voyageurs à toute vapeur y fleurit sans interruption ; affaire de s'arrêter là afin
de pouvoir consciencieusement affirmer qu'on y a été et rien de plus ! — descendons toujours
la Loire ; voici Langeais et son beau château, puis Saumur, où la vallée devient admirable ;
impossible désormais de résister à ses séductions bien réelles cette fois ; aussi est-ce à pied que
nous continuerons le voyage. Prenons, s'il vous plaît, le chemin de Cunault, en suivant la rive
gauche. Malgré septembre, le soleil chauffe et dore la route tantôt serrée, tantôt au large entre
le fleuve et les collines de Tuffeau; les arbres aux essences variées ont revêtu d'ardentes tonalités
de coloriste, et la vigne, piquant un peu partout ses rouges vifs dans le paysage, donne au
Ancienne église abbatiale de Cunault.
Dessin de V. Petitgrand.
tableau changeant à chaque pas l'éclat et la gaieté d'un décor de féerie. Nous saluons Chêne-
hutte et arrivons aux Tuffeaux ; un camp romain couronne le sommet du coteau abrupt d'où
l'on a sur la vallée une vue splendide ; on marche sur des débris de tuiles et de poteries
antiques; l'église a encore une jolie porte et un clocher du xiie siècle présentant une disposition
singulière, l'étage inférieur aveugle est élégi sur ses quatre faces de hautes barbacanes remplies
par une colonnette. Encore trois kilomètres, et nous nous arrêtons à Trêves pour étudier son
beau donjon du xve siècle, ses élégantes terrasses et le curieux petit pavillon en échauguette
porté en encorbellement que j'ai dessiné pour la première page de ces notes ; quelques pas encore,
et nous atteignons le but : Cunault, terme du voyage.
Nous avons fait une course excellente, sac au dos depuis midi; installons-nous à l'auberge;
on nous indique la meilleure, il n'y en a qu'une, celle de Mme Brard, boulangère, loge à pied et
à cheval, donne à boire et à manger. Nous en avons cette fois pour quelques jours de travail à
mais jardin potager, trop vanté et assommant. Les châteaux historiques de la vallée étant
connus, rebattus, photographiés sur toutes les faces, allons plus loin, passons Tours, — l'enva-
hissement des voyageurs à toute vapeur y fleurit sans interruption ; affaire de s'arrêter là afin
de pouvoir consciencieusement affirmer qu'on y a été et rien de plus ! — descendons toujours
la Loire ; voici Langeais et son beau château, puis Saumur, où la vallée devient admirable ;
impossible désormais de résister à ses séductions bien réelles cette fois ; aussi est-ce à pied que
nous continuerons le voyage. Prenons, s'il vous plaît, le chemin de Cunault, en suivant la rive
gauche. Malgré septembre, le soleil chauffe et dore la route tantôt serrée, tantôt au large entre
le fleuve et les collines de Tuffeau; les arbres aux essences variées ont revêtu d'ardentes tonalités
de coloriste, et la vigne, piquant un peu partout ses rouges vifs dans le paysage, donne au
Ancienne église abbatiale de Cunault.
Dessin de V. Petitgrand.
tableau changeant à chaque pas l'éclat et la gaieté d'un décor de féerie. Nous saluons Chêne-
hutte et arrivons aux Tuffeaux ; un camp romain couronne le sommet du coteau abrupt d'où
l'on a sur la vallée une vue splendide ; on marche sur des débris de tuiles et de poteries
antiques; l'église a encore une jolie porte et un clocher du xiie siècle présentant une disposition
singulière, l'étage inférieur aveugle est élégi sur ses quatre faces de hautes barbacanes remplies
par une colonnette. Encore trois kilomètres, et nous nous arrêtons à Trêves pour étudier son
beau donjon du xve siècle, ses élégantes terrasses et le curieux petit pavillon en échauguette
porté en encorbellement que j'ai dessiné pour la première page de ces notes ; quelques pas encore,
et nous atteignons le but : Cunault, terme du voyage.
Nous avons fait une course excellente, sac au dos depuis midi; installons-nous à l'auberge;
on nous indique la meilleure, il n'y en a qu'une, celle de Mme Brard, boulangère, loge à pied et
à cheval, donne à boire et à manger. Nous en avons cette fois pour quelques jours de travail à