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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 12.1886 (Teil 1)

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Gehuzac, Noël: Collections contemporaines, [2]: la Collection Stein
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https://doi.org/10.11588/diglit.19705#0163

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138

L'ART

enrichi d'oiseaux et d'arbustes. Sur les socles, également en Chelsea, des têtes de béliers et des
festons de laurier dorés en relief.

Mais ce sont surtout les spécimens de porcelaine de Chine qui arrêtent longtemps les
connaisseurs les plus exigeants.

Quatre grands vases en vieux Chine, — ils ont un mètre vingt-cinq centimètres de haut
sans les figures d'enfants en bois sculpté qui supportent chacun d'eux, — ces vases sont sans
contredit au nombre des plus beaux qui existent en France. Décorés d'émaux de la famille rose,
ils nous montrent des rochers couverts de fleurs, des arbustes fantaisistes et de larges pivoines
dont quelques-unes sont dorées. La partie supérieure de la panse est cerclée d'un collier de
lambrequins bordés d'émail bleu clair et enrichis de fleurs dont les couleurs harmonieuses

s'enlèvent sur fond bleu. La gorge est semée de bouquets de fleurs et une
double grecque émaillée bleu et blanc figure sur le bord supérieur.

Les couvercles, surmontés d'un chien de Fô assis, ont, bien entendu,
une ornementation analogue à celle des vases.

Ensemble grandiose, absolument digne d'un palais, ces quatre pièces
extraordinaires, qui eussent enthousiasmé Albert Jacquemart, proviennent, si
je ne me trompe, d'un palais portugais.

L'auteur de l'Histoire artistique, industrielle et commerciale de
la Porcelaine, des Merveilles de la Céramique, de YHistoire de la
Céramique et de VHistoire du Mobilier, le père du célèbre aqua-
fortiste des Gemmes et joyaux de la Couronne, se serait non moins
pâmé d'aise à la vue des potiches de forme surbaissée dont la panse
est animée de courses d'amazones dans un parc. Des spectateurs
suivent la lutte du haut d'une tribune, et des entrelacs de fleurs et
de feuillages semblent courir follement dans la partie supérieure,
tout en respectant, clans leurs plus fantaisistes inspirations, les lois
de l'harmonie décorative.

L'éclat des tonalités, grâce à la délicatesse raffinée du goût qui
les marie, se fond dans une enveloppe générale qui repose
la vue irrésistiblement attirée et charmée. Le regard,
comme soumis à l'influence d'une berceuse irisée, trans-
porte bientôt l'esprit au pays des rêves ; la famille verte
vous apparaît en lutte avec la famille rose pour vous
conquérir et vous ne finissez par vous dérober à leurs
, m„r . . t attraits que pour céder aux douceurs infinies du céladon,

Un des quatre vases île i'",'2.t de naut, i i i

en ancienne porcelaine de chine, à décor en émaux cet idéal de tendresse de la palette du céramiste. Que
de la famille rose. d'adorables variations ne lui doit-on pas rien que sur

(Collection Stein.) — Dessin de J. J. Puyplat.

deux notes, l'azur et le vert d'eau !

On ne rencontre qu'une seule pièce de céladon chez M. Stein, mais elle est capitale ; c'est
un vase ovoïde gaufré, émaillé vert d'eau et décoré de godrons et de branches fleuries en relief,
vase qu'orne superbement une monture en bronze ciselé et doré du temps de Louis XV, d'une
grande richesse, monture digne des mâles inspirations de Jacques et Philippe Caffieri, qui surent,
comme personne, assouplir le métal aux caprices d'une si large élégance enfantés par leur
inépuisable imagination. C'est du style que mettent les Caffieri dans les moindres enroulements
de leurs montures; c'est par la crânerie du style que brillent les rinceaux, les palmettes, les
branchages et les mufles de lion assemblés dans l'ornementation du magnifique céladon de
M. Charles Stein, et l'on songe tout naturellement aux Caffieri, les maîtres du genre.

Deux vases et une petite buire, décorés tous trois en émaux de la famille verte, sont garnis
de montures « du temps de Louis XVI », et ces bronzes en ont bien la caractéristique. Je ne
voudrais cependant pas garantir l'époque, tout en n'ayant pas l'ombre d'un doute au sujet du style
qui est bien celui que l'on est convenu d'appeler le style Louis XVI ; l'époque pourrait être bien
 
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