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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 12.1886 (Teil 1)

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Heulhard, Arthur: Un ami de Rabelais: Maitre Charles Carmoy
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https://doi.org/10.11588/diglit.19705#0190

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iô2

L'ART.

raisonnement tortionnaire. Il ne reste même pas trace des rapports qu'il a pu avoir — considéré
comme modèle ■—■ avec les artistes du xvie siècle, et les historiens, les dessinateurs de nos
éditions déplorent toujours cette lacune presque incompréhensible : le plus petit portrait authen-
tique de maître Alcofribas Nasier.

l est certain pourtant — j'en fournirai plus tard les preuves
irrécusables — qu'il eut des relations amicales, et aussi régu-
lières que le permit sa vie agitée, avec un bon nombre d'artistes
français et étrangers. Souvenons-nous qu'il n'a pas fait moins de
quatre voyages en Italie, presque tous à la suite des du Bellay,
cette grande famille de guerriers et de diplomates, apôtres infa-
tigables de toutes les Renaissances en deçà comme au delà
des Alpes ; et, pour abréger ce préambule, arrivons au personnage
qui fait le titre et le sujet de cet article, à maître Charles
Carmoy, l'artiste ami de Rabelais.

II

Au chapitre II du Quatrième livre de Pantagruel, frère Jean des Entommeures et autres bons
compagnons, partis pour un grand voyage en mer, abordent à l'île imaginaire de Medamothi, où
ils font emplette d'objets exposés sur le port. Notez que l'île est gouvernée par un prince ami de
l'éclat et des fêtes et qu'elle est ornée comme un cabinet de curiosités : « Adonc (Pantagruel)
descendit au hâvre contemplant, cependant que les chormes (chiourmes) des naufz faisoient
aiguade, divers tableaux, diverses tapisseries, divers animaux, poissons, oiseaux et autres
marchandises exotiques et peregrines, qui estoient en l'allée du mole et par les halles du port.
Car c'estoit le tiers jour des grandes et solennelles foires du lieu, esquelles annuellement conve-
noient tous les plus riches et fameux marchands d'Afrique et Asie. D'entre lesquelles frère Jean
achapta deux rares et précieux tableaux, en l'un desquelz estoit au vif peint le visage d'un
appelant; en l'autre estoit le portraict d'un valet qui cherche maistre, en toutes qualités
requises, gestes, maintien, minois, alleures, physionomie et affections : peinct et inventé par
maistre Charles Charmois peinctre du roy Megiste (lise{ Henri II) et les paya en monnaie de
cinge... » Voilà donc un artiste célèbre en son temps, puisque Rabelais, dont le sentiment ne
s'engage jamais à la légère, le cite avec éloges et juge à propos de caractériser sa façon de
peindre. Or, les siècles ont accumulé leur poussière sur celle de maistre Charles Charmois. Qui
se souvient de lui? N'était la mention de Rabelais, qui ramène un peu de lumière sur l'oublié,
son nom, jadis glorieux, ne serait plus aujourd'hui qu'une réunion de lettres mortes. Je me suis
jeté sur sa piste et c'est le résultat de mes recherches que je soumets aux lecteurs de l'Art, dans
le secret espoir d'apprendre d'eux, par choc en retour, quelque détail ignoré.

t tout d'abord disons qu'à la fin du Cinquiesme livre de Pantagruel,
dont le manuscrit est conservé à la Bibliothèque nationale, il est de
nouveau question du Pourtraict d'un valet cherchant maistre jadis
depeinct par Charles Charmois. Mieux encore, l'auteur du Cinquiesme
livre (je ne suis pas sûr que ce soit Rabelais) nous apprend le lieu
de naissance de l'artiste : il était Aurélian, assavoir d'Orléans.
Maintenant, où Rabelais l'a-t-il connu ? Comment ces deux hommes,
le médecin et le peintre, si éloignés par la différence des professions,
sont-ils entrés en commerce d'amitié ? Chez un des du Bellay que
j'évoquais tout à l'heure ; chez ce cardinal Jean qui possédait la
fameuse collection d'antiques dont le Courrier de l'Art a publié le catalogue. Diverses lettres
manuscrites que nous avons eu l'occasion de consulter nous permettent d'affirmer qu'au temps
 
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