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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 12.1886 (Teil 1)

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Heulhard, Arthur: Un ami de Rabelais: Maitre Charles Carmoy
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https://doi.org/10.11588/diglit.19705#0194

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i66 L'ART

terriennes. Bernard Palissy nous le dit de lui-même. « ____ L'on pensoit en nostre pays que je

fusse plus sçavant en l'art de peinture que je n'estois, qui causoit que j'estois souvent appelé
pour faire les figures pour les procès. Or quand j'estois en telles commissions j'estois très bien
payé. » Maître Charles, à raison de son talent et de sa renommée, ne devait pas l'être moins en
semblable occurrence ; et il ne me déplaît pas de me le représenter, croquant, après avoir gagné
par le dessin la cause de son client, la figure déconfite de la partie appelante.

e serait-il pas intéressant de savoir s'il y a au château de Fontai-
nebleau quelque vestige des peintures de Charles Carmoy et de les
examiner sérieusement ?

Castellan, membre de l'Institut, qui a essayé d'établir la part
de l'action française et de l'influence italienne dans la décoration de
Fontainebleau1, s'est senti vivement attiré vers une peinture qui fait
partie de la galerie conçue par le Rosso et ornée par le Primatice.
C'est un paysage d'un pied sur quatorze pouces et demi dans œuvre,
encadré d'une riche bordure en stuc. Il est considéré comme offrant
la plus ancienne représentation graphique du château. La finesse de
sa touche, le tour des figures et des animaux, l'intelligence de la perspective et de l'architecture
en font un échantillon rare, presque unique, de l'art du paysage à cette époque : on a peine à
y reconnaître la main de Vignole, qui a tracé les fonds de la galerie d'Ulysse, et Castellan,
avec un esprit critique dont on rencontre peu d'exemples chez les historiens du château, ne
répugne pas à l'idée d'attribuer ce curieux spécimen à maître Charles, à l'excellent peintre de
paysages envoyé aux îles de Guyenne et signalé par Bernard Palissy. Il remarque même que le
retour de maître Charles (i5q5) coïncide assez bien avec l'époque où fut exécutée la vue du
château. En somme, ce tableau offre l'image à peu près exacte de l'état des constructions dont
on peut faire honneur aux artistes français. Il ne m'a pas été possible de le voir d'assez près
pour me prononcer quant à présent sur son authenticité.

"il convenait à M. le conservateur du Palais de me faciliter cette étude,
je lui en saurais infiniment de gré. Il appartient également aux
archéologues Orléanais d'ouvrir une enquête clans leurs sociétés pour
compléter les renseignements que j'ai recueillis, conduit par Rabelais,
sur leur compatriote Charles Carmoy. Notons, en terminant, que le
chapitre de Pantagruel, sur lequel je m'appuie, a été écrit au com-
mencement de 1548, et que l'artiste était alors au plus haut de sa
gloire. Ne laissons donc pas au plus bas de l'oubli un homme qui,
tout en décorant Fontainebleau et Saint-Maur, trouvait le moyen de
divertir la duchesse d'Etampes et d'étonner la cour galante des
Valois. S'il se rencontrait un jour —■ ce qu'à Dieu plaise — un
portrait de Rabelais, circa i5q5, il y aurait lieu de l'attribuer à maître Charles, sauf indication
contraire. Et il ne serait que plus étroitement lié à la Renaissance par l'immortalité de celui qui
en incarne le génie !

Arthur Heulhard.

1. Fontainebleau, Etudes pittoresques, 1840, in-8°.
 
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