Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 12.1886 (Teil 1)

DOI Artikel:
Goutzwiller, Charles: Le retable des Antonites d'Issenheim au Musée de Colmar, [1]: Guido Guersi
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19705#0210

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
[83

L'ART

hiératiques des siècles précédents, où, sauf de rares exceptions, Fart s'était figé dans un moule
aux formes raides et émaciées, il marchait, avec sa hère indépendance, dans une voie tout autre
que celle suivie jusque-là par les primitifs flamands et allemands. A côté d'un vrai talent comme
dessinateur il avait, comme coloriste, l'intuition vraie de la nature. Par son merveilleux coup de
pinceau, il préludait à Hans Holbein; par la tournure fantasque de son crayon associant le rêve
à la réalité, il préludait à Callot. Ses vierges et ses gloires célestes s'exaltent dans une atmos-
phère radieuse. Son Saint Antoine tourmenté par les démons est un
vivant cauchemar. Son Calvaire, œuvre unique dans ce genre, est étran-
gement sinistre. Cet homme avait, à un degré éminent, le sens du
drame et celui des contrastes. Corrège, le divin charmeur, n'était pas né
et cependant notre artiste anonyme avait réussi à pétrir ses figures dans

une pâte ambrée et lumineuse que les
siècles n'ont point amortie, pas même
voilée. Ses fonds de paysages semblent
empruntés au Titien ; la chaude atmos-
phère du midi les enveloppe et rien
n'y rappelle la nature du nord.

Avant d'aborder la thèse qui doit
nous révéler le nom depuis si long-
temps cherché de l'auteur, donnons
une analyse sommaire des sujets traités.

i. Saint Antoine tourmenté par les
démons. ■— C'est quelque chose comme
un sabbat infernal, un horrible mélange
de formes où le grotesque désopilant
s'associe à la laideur repoussante ; des
démons couverts de pustules et suintant
la morve, des animaux impossibles,
pachydermes aux puissantes mâchoires,
tels qu'il s'en trouve dans le sous-sol
antédiluvien. Au milieu de ce mons-
trueux fouillis, le saint homme est
étendu, exténué, criblé de coups. Un
démon le traîne par les cheveux et lui
arrache son manteau. Dans le fond,
d'autres démons mettent le feu à la
cabane du saint, en démolissent les
poutres ; mais l'archange Michel sur-
vient, armé de sa lance, pour mettre
en fuite la légion infernale. Au sommet
de la composition, la figure bienveil-
Saint Antoine et saint Paul, l'erm.te,: lante du Père éternel semble imposer

(Muscc de Coimar.) — Dessin de ch. Goutzwiiier. silence à Satan. Si excentrique qu'elle

soit, la composition plaît par le fini
merveilleux du travail, par l'éclat incomparable du coloris. L'artiste a-t-il voulu, sous cette
forme symbolique, nous peindre l'enfer moral, les misères, les illusions, les cruelles peines du
cœur, tout ce cortège de souffrances par lesquelles doit passer un élu ? Sa formule est cruelle,
mais elle s'explique par ces traditions encore vivantes du moyen âge, qui voyait le démon
partout.

2. Saint Antoine et saint Paul dans la solitude. — Cette solitude est tout simplement un
merveilleux paysage, d'un réalisme puissant, pris sur le vif. Entre deux rochers moussus solide-

CK GOUTZWILLF^, :
 
Annotationen