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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 12.1886 (Teil 1)

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Jullien, Adolphe: Richard Wagner & son "Lohengrin"
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https://doi.org/10.11588/diglit.19705#0252

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220 L'ART.

mythique, et un Frédéric Barberousse1, sujet absolument historique; autrement dit, il s'élevait dans
son esprit un conflit suprême entre l'histoire et la légende. 11 penchait d'abord pour Barberousse
avec l'intention d'en faire un drame récité, sans musique ; mais il connut bientôt que pour placer
la grande figure de Barberousse sous son jour véritable il fallait réunir tant de faits saillants qu'il
ne resterait plus de place pour le drame proprement dit, tandis que s'il essayait de traiter son
sujet librement, en employant les procédés du mythe, il détruisait complètement l'histoire et
enlevait tout caractère propre à son héros. Il en conclut donc que, pour employer la forme
mythique de la façon la plus parfaite, il fallait répudier tout compromis et prendre un mythe
véritable. Une fois bien pénétré de cette double pensée que le drame idéal ne devait pas être
historique et qu'il devait être musical, il rejeta complètement Frédéric Barberousse, et, dans
l'automne de 1848, il écrivit le poème de la Mort de Siegfried. 11 l'écrivit en vers allitérés, car il
avait des idées à lui sur la langue et s'était bâti tout un système de versification, tenant que
l'allitération n'est rien moins que la force génératrice du langage et que la musique, avec son
aide, atteindrait à une richesse, à une variété infinies; il prétendait aussi qu'il aurait dû renoncer

Scène finale du Vaisseau fantôme, à Dresde (1843), d'après une gravure du temps.

à son Siegfried s'il n'avait pu mettre en sa bouche d'autres vers que ceux d'un commun usage.
Il trouvait dans l'allitération, accentuant fort le rythme, une véritable mélodie de langage d'où
découlait tout droit la mélodie musicale équivalente, etc., et c'est ce qu'il essaya de réaliser
dans la Mort de Siegfried, mais sans résultat décisif, car il en va de l'allitération comme de la
rime : elle s'atténue extrêmement quand les vers sont mis en musique, ainsi qu'on peut s'en
convaincre en écoutant les Nibelungen-.

En 1848, Richard Wagner fit entendre à Dresde un fragment capital de Lohengrin, tout le
premier finale, dans un concert donné le 22 septembre, à l'occasion du troisième centenaire de la
fondation de la chapelle royale. A la fin de la fête, il y eut naturellement un banquet et Wagner

1. Des études historiques faites en vue de Barberousse, il ne résulta qu'un curieux essai : Die Wibelungen, histoire du monde d'après
la tradition, originairement destiné à un drame en prose, et traitant des points de contact de l'histoire avec le mythe; il fut écrit en 1848 et
publié à Leipzig en i85o.

2. Richard Wagner a voulu reproduire ici les vers allitérés tels qu'il les trouvait dans les poèmes de l'ancienne Edda. Plus tard, dans
Tristan, dans Parsifal, il emploiera un mélange d'allitérations, d'assonances et de rimes. L'allitération n'est autre chose que la répétition
d'une même lettre ou de plusieurs dans un seul vers. Le célèbre vers de Racine : Sa croupe se recourbe en replis tortueux, est un exemple
d'allitération par IV. Cela s'étend à des syllabes similaires, ce qui est plutôt le cas de Wagner, comme dans ce jeu grammatical : Le ri%
tenta le rat, le rat tenté tâta le ri%. L'assonance est une consonnance imparfaite, par exemple : j'aime et pleine, herbe et conserve, ou bien
encore : Mon ami Pierrot, prête-moi ta plume pour écrire un mot,
 
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