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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0098

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VOYAGE EN ESPAGNE.
ment contractés; par intervalle un cri rauque, aigu, sifflant sortait
avec effort de sa poitrine. Devant une apparition si singulière, le roi
reste muet de saisissement; puis un sentiment indéfinissable fait battre
son cœur ; il lui semblait reconnaître dans ces traits défigurés un visage
aimé dont il se souvenait comme d'un rêve... Tout à coup de sa
mémoire jaillit un éclair, et son gosier aride, contracté pousse une
exclamation de douleur et de surprise : il venait de reconnaître la
jeune fille qu'il avait tant aimée, et qui s'était soustraite à son amour.
Le cœur ému de gratitude, il s'élance vers sa libératrice; mais en le
voyant venir, la jeune fille, silencieuse, ne fait que lui sourire du
sourire des anges, lui tendre une main défaillante et tomber en
s'écriant : « J'aimai le Cid; j'aimai don Fernand, parce que mon cœur
affectionnait tout ce qui est noble, vaillant et généreux... je t'aimai
aussi, parce que tu me semblais personnifier ces trois vertus...» Elle
n'acheva point; elle expira au milieu du mot commencé. Douze mois
après, jour pour jour, le Papa moscas venait prendre la place qu'il
occupe aujourd'hui en face de la tribune royale. Henri l'avait fait exé-
cuter par un artiste arabe, en mémoire du touchant objet de sa passion;
il avait voulu que cette image agitât ses lèvres comme la jeune fille
remuait les siennes dans la forêt, et qu'elle rendît un son guttural ana-
logue. Il eût bien voulu que l'artiste pût aussi lui faire prononcer les
mots d'amour qui avaient précédé sa mort, mais le mécanicien suc-
comba sous l'impuissance de son génie.
Étudiez plusieurs fois la cathédrale, sous peine de vous égarer dans
la multiplicité d'objets qu'elle renferme; puis vous irez à Saint-Nicolas
visiter son magnifique retable, une des merveilles de la sculpture espa-
gnole, non moins admirable par la composition que par la finesse des
détails; à Saint-Étienne (San Esleban), où le ciseau du seizième siècle
perpétue le souvenir d'Albéric et de sa femme; à Saint-Gil (San Gil),
édifice du treizième siècle, orné de plusieurs retables sculptés, de tom-
beaux et de peintures anciennes imitées de l'école de Van-Eyck; exa-
minez, à San Pablo, majestueuse église des Dominicains, ce qui reste
du mausolé d'un juif converti, Paul de Santa Maria, mort évêque de
Burgos; voyez à Saint-Jean (San Juan) des tombeaux du quinzième
et du seizième siècle, des retables anciens et quelques tableaux; s'il
 
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