LA NAVARRE. 103
de corvée qui venaient chercher les vivres des troupes françaises.
Dans la nuit du 16 au 17 février, trois cents grenadiers sont cachés dans
la maison du général. Le lendemain, on choisit pour hommes de corvée
les voltigeurs les plus déterminés, qui, portant leur sabre sous la
capote, s'arrêtent sur le pont-levis et feignent d'y jouer, jusqu'à ce que
tout à coup, s'étant jetés sur le faisceau d'armes du poste espagnol, ils
s'en emparent et défendent l'entrée du fort, de telle sorte que les trois
cents grenadiers ont le temps d'arriver. Toute la division les suivit, et,
d'un coup de main, la citadelle fut prise.
A moins d'être à Pampelune un jour de procession, quand des ban-
derolles flottantes ou des tapis en garnissent les façades, la régularité
de ses maisons, de ses balcons et de ses rejas rend leur aspect monotone.
Par le même motif, on préfère à la plaza del Castillo, regardée comme
l'une des plus belles de l'Espagne, la plaza de Abajo, garnie de comesti-
bles, peuplée d'arrieros et de paysas dont la coiffure, boyna, et les
longues tresses se marient, d'une manière si pittoresque, avec les objets
divers qu'ils tiennent dans la main.
C'est principalement du 29 juin au 18 juillet, temps de la foire, qu'il
faut visiter Pampelune. On y voit affluer tous les montagnards avec
leur costume national, surtout le 7 juillet, pour \aferia de los gigantes,
images de douze à quinze pieds, qui représentent les Mores et les Nor-
mands, et qui, après une visite faite à Tliôtel de ville, après une danse
exécutée devant la cathédrale, vont faire leurs dévotions à San Lorenzo,
où reposent les reliques de saint Firmin, patron de la ville.
Les ponts jetés sur l'Arga, l'édifice de la Diputacion, où les cortès de
Navarre tenaient leurs séances, la cathédrale, monument du quatorzième
siècle, qui s'élève avec une majesté grandiose, la cage pentagone de la
citadelle, l'emplacement des allées verdoyantes consacrées à la prome-
nade, rompent l'uniforme disposition des rues, et font de cette ville
forte une des résidences les plus agréables des provinces septentrionales
de l'Espagne. Ses quinze mille habitants, sa garnison de trois mille
hommes resserrés dans une étroite enceinte, ses nombreux visiteurs, qui
viennent des campagnes voisines, lui donnent autant d'animation que
peut lui procurer de fraîcheur l'eau délicieuse amenée des montagnes de
Subiza par l'aqueduc de Ventura Rodriguez
de corvée qui venaient chercher les vivres des troupes françaises.
Dans la nuit du 16 au 17 février, trois cents grenadiers sont cachés dans
la maison du général. Le lendemain, on choisit pour hommes de corvée
les voltigeurs les plus déterminés, qui, portant leur sabre sous la
capote, s'arrêtent sur le pont-levis et feignent d'y jouer, jusqu'à ce que
tout à coup, s'étant jetés sur le faisceau d'armes du poste espagnol, ils
s'en emparent et défendent l'entrée du fort, de telle sorte que les trois
cents grenadiers ont le temps d'arriver. Toute la division les suivit, et,
d'un coup de main, la citadelle fut prise.
A moins d'être à Pampelune un jour de procession, quand des ban-
derolles flottantes ou des tapis en garnissent les façades, la régularité
de ses maisons, de ses balcons et de ses rejas rend leur aspect monotone.
Par le même motif, on préfère à la plaza del Castillo, regardée comme
l'une des plus belles de l'Espagne, la plaza de Abajo, garnie de comesti-
bles, peuplée d'arrieros et de paysas dont la coiffure, boyna, et les
longues tresses se marient, d'une manière si pittoresque, avec les objets
divers qu'ils tiennent dans la main.
C'est principalement du 29 juin au 18 juillet, temps de la foire, qu'il
faut visiter Pampelune. On y voit affluer tous les montagnards avec
leur costume national, surtout le 7 juillet, pour \aferia de los gigantes,
images de douze à quinze pieds, qui représentent les Mores et les Nor-
mands, et qui, après une visite faite à Tliôtel de ville, après une danse
exécutée devant la cathédrale, vont faire leurs dévotions à San Lorenzo,
où reposent les reliques de saint Firmin, patron de la ville.
Les ponts jetés sur l'Arga, l'édifice de la Diputacion, où les cortès de
Navarre tenaient leurs séances, la cathédrale, monument du quatorzième
siècle, qui s'élève avec une majesté grandiose, la cage pentagone de la
citadelle, l'emplacement des allées verdoyantes consacrées à la prome-
nade, rompent l'uniforme disposition des rues, et font de cette ville
forte une des résidences les plus agréables des provinces septentrionales
de l'Espagne. Ses quinze mille habitants, sa garnison de trois mille
hommes resserrés dans une étroite enceinte, ses nombreux visiteurs, qui
viennent des campagnes voisines, lui donnent autant d'animation que
peut lui procurer de fraîcheur l'eau délicieuse amenée des montagnes de
Subiza par l'aqueduc de Ventura Rodriguez