142 VOYAGE EN ESPAGNE.
cienne, qui vient applaudir sur la scène celui qu'elle adorait le matin
au pied des autels.
La légende de saint Jacques n'offre pas moins d'intérêt que celle de
saint Vincent Ferrer, et plus que cette dernière, elle jouit d'une popula-
rité européenne.
Après l'ascension du Sauveur et la venue du Saint-Esprit, saint
Jacques fait ses adieux à saint Jean l'évangéliste, son frère aîné, puis il
va demander la bénédiction de la Vierge Marie, qui lui dit : — «Cher fils,
puisque vous avez choisi l'Espagne, mon pays d'affection entre tous les
pays d'Europe, pour y répandre la parole divine, souvenez-vous d'y
fonder une église à mon nom, dans la ville où vous convertirez le plus
grand nombre de personnes. » — Saint Jacques le jure, quitte aussitôt
Jérusalem, traverse la Méditerranée et débarque à Tarragone. Sa
moisson d'âmes y fut beaucoup moins riche qu'il ne l'avait espéré, car,
malgré d'ardentes prédications, huit hommes seulement abandonnèrent
le paganisme. Suivi par eux, et n'osant demeurer dans la ville, on le
voyait chaque soir, sur les bords de l'Èbre, prier, catéchiser, méditer;
ne céder au sommeil que sous l'empire de la fatigue, et se réveiller bientôt
pour recommencer ses instructions et ses prières. Une nuit qu'ils dor-
maient tous profondément, dans la plaine où s'élève aujourd'hui Sara-
gosse, des hymnes célestes les réveillent; c'était la voix des anges qui
chantaient l'Ave Maria, et qui récitaient en chœur Y Office de la Vierge.
Aussitôt saint Jacques se prosterne la face contre terre et voit la mère
du Christ debout, sur un pilier de marbre blanc, entourée d'une my-
riade d'anges, et souriant avec cet air d'ineffable bonté dont elle lui avait
souri quand il partit de Jérusalem. — «Jacques, mon fils, dit la Vierge,
c'est ici, à cette même place qu'il faut me bâtir une église. Prends ce
pilier; ton maître te l'envoie; il devra demeurer en ce lieu jusqu'à la
fin du monde, et devenir le point d'origine d'une foule de merveilles. »
— « Grâces te soient rendues, puissante Vierge, s'écria l'apôtre. » Tel
est, dit-on, l'origine de l'église Notre-Dame del Pilar, dont nous avons
déjà parlé précédemment.
La translation des restes mortels de saint Jacques en Espagne n'est
pas moins merveilleuse. « L'apôtre avait été décapité; ses disciples
prirent son corps, et de crainte que les juifs ne le profanassent, ils l'em-
cienne, qui vient applaudir sur la scène celui qu'elle adorait le matin
au pied des autels.
La légende de saint Jacques n'offre pas moins d'intérêt que celle de
saint Vincent Ferrer, et plus que cette dernière, elle jouit d'une popula-
rité européenne.
Après l'ascension du Sauveur et la venue du Saint-Esprit, saint
Jacques fait ses adieux à saint Jean l'évangéliste, son frère aîné, puis il
va demander la bénédiction de la Vierge Marie, qui lui dit : — «Cher fils,
puisque vous avez choisi l'Espagne, mon pays d'affection entre tous les
pays d'Europe, pour y répandre la parole divine, souvenez-vous d'y
fonder une église à mon nom, dans la ville où vous convertirez le plus
grand nombre de personnes. » — Saint Jacques le jure, quitte aussitôt
Jérusalem, traverse la Méditerranée et débarque à Tarragone. Sa
moisson d'âmes y fut beaucoup moins riche qu'il ne l'avait espéré, car,
malgré d'ardentes prédications, huit hommes seulement abandonnèrent
le paganisme. Suivi par eux, et n'osant demeurer dans la ville, on le
voyait chaque soir, sur les bords de l'Èbre, prier, catéchiser, méditer;
ne céder au sommeil que sous l'empire de la fatigue, et se réveiller bientôt
pour recommencer ses instructions et ses prières. Une nuit qu'ils dor-
maient tous profondément, dans la plaine où s'élève aujourd'hui Sara-
gosse, des hymnes célestes les réveillent; c'était la voix des anges qui
chantaient l'Ave Maria, et qui récitaient en chœur Y Office de la Vierge.
Aussitôt saint Jacques se prosterne la face contre terre et voit la mère
du Christ debout, sur un pilier de marbre blanc, entourée d'une my-
riade d'anges, et souriant avec cet air d'ineffable bonté dont elle lui avait
souri quand il partit de Jérusalem. — «Jacques, mon fils, dit la Vierge,
c'est ici, à cette même place qu'il faut me bâtir une église. Prends ce
pilier; ton maître te l'envoie; il devra demeurer en ce lieu jusqu'à la
fin du monde, et devenir le point d'origine d'une foule de merveilles. »
— « Grâces te soient rendues, puissante Vierge, s'écria l'apôtre. » Tel
est, dit-on, l'origine de l'église Notre-Dame del Pilar, dont nous avons
déjà parlé précédemment.
La translation des restes mortels de saint Jacques en Espagne n'est
pas moins merveilleuse. « L'apôtre avait été décapité; ses disciples
prirent son corps, et de crainte que les juifs ne le profanassent, ils l'em-