178 VOYAGE EN ESPAGNE.
ment; mais le nouveau quartier, du côté de la Ségra, présente un assez
bel aspect. Cette rivière a des rives fertiles.
La citadelle possède une ligne de fortifications redoutables. La
partie ouest de la ville est défendue par les forts Garden, Pilar, San-
Fernando. Une vieille cathédrale sert de magasin. La cathédrale mo-
derne n'offre rien d'intéressant. On s'étonnerait qu'une ville aussi
ancienne, aussi célèbre dans les fastes de la guerre, eût si peu d'anti-
quités et si peu d'édifices gothiques, si la raison n'en était dans sa célé-
brité même. Labourée par les bombes, les bombes n'ont enfanté long-
temps que des ruines.
PROMENADE AU MONT-SERRAT.
Après avoir quitté Barcelone par la puerta de Santa-Maria, nous
traversâmes le joli bourg de San-Féliu, dont les maisons, décorées avec
élégance, présentent de longues lignes peintes de diverses couleurs, et
bientôt nous atteignîmes le Llobrégat qui roule sur un fond rougeâtre
ses eaux bourbeuses. Voici Molins del Rey, petite ville à maisons
blanches garnies de pampres, incendiée par les Français en 1808, mais
ressuscitée du milieu des cendres plus fraîche, plus jolie que jamais.
Quelle différence entre Molins del Rey et Martorell! Ville sale, mal
percée, mal bâtie, Martorell, la Tolobès des Romains, assise au con-
fluent du Llobrégat et de la Noya, montre avec un certain orgueil son
vieux pont et son arc triomphal. Les savants attribuent le pont aux
Carthaginois, aux Romains, et le signent tantôt du nom d'Annibal,
tantôt du nom de Scipion ou de César; le peuple, qui a bien quelques
bons motifs d'être au courant de ce qui se passe, prétend avoir vu le
diable tirer les moellons et les monter du bout de ses griffes en moins
d'une nuit. Pour nous, c'est un pont d'origine mauresque. L'arche
centrale, à ceintre d'ogive, étroite, escarpée, n'offre pas moins de qua-
rante mètres d'ouverture. L'arc triomphal paraît remonter à l'an 535
avant Jésus-Christ, et consacre l'amitié fraternelle d'Annibal envers
Amilcar. Ce sont deux beaux monuments que cet arc et ce pont, et
pourtant l'œil s'y arrête à peine, captivé qu'il est par le splendide pano-
rama du Mont-Serrat.
ment; mais le nouveau quartier, du côté de la Ségra, présente un assez
bel aspect. Cette rivière a des rives fertiles.
La citadelle possède une ligne de fortifications redoutables. La
partie ouest de la ville est défendue par les forts Garden, Pilar, San-
Fernando. Une vieille cathédrale sert de magasin. La cathédrale mo-
derne n'offre rien d'intéressant. On s'étonnerait qu'une ville aussi
ancienne, aussi célèbre dans les fastes de la guerre, eût si peu d'anti-
quités et si peu d'édifices gothiques, si la raison n'en était dans sa célé-
brité même. Labourée par les bombes, les bombes n'ont enfanté long-
temps que des ruines.
PROMENADE AU MONT-SERRAT.
Après avoir quitté Barcelone par la puerta de Santa-Maria, nous
traversâmes le joli bourg de San-Féliu, dont les maisons, décorées avec
élégance, présentent de longues lignes peintes de diverses couleurs, et
bientôt nous atteignîmes le Llobrégat qui roule sur un fond rougeâtre
ses eaux bourbeuses. Voici Molins del Rey, petite ville à maisons
blanches garnies de pampres, incendiée par les Français en 1808, mais
ressuscitée du milieu des cendres plus fraîche, plus jolie que jamais.
Quelle différence entre Molins del Rey et Martorell! Ville sale, mal
percée, mal bâtie, Martorell, la Tolobès des Romains, assise au con-
fluent du Llobrégat et de la Noya, montre avec un certain orgueil son
vieux pont et son arc triomphal. Les savants attribuent le pont aux
Carthaginois, aux Romains, et le signent tantôt du nom d'Annibal,
tantôt du nom de Scipion ou de César; le peuple, qui a bien quelques
bons motifs d'être au courant de ce qui se passe, prétend avoir vu le
diable tirer les moellons et les monter du bout de ses griffes en moins
d'une nuit. Pour nous, c'est un pont d'origine mauresque. L'arche
centrale, à ceintre d'ogive, étroite, escarpée, n'offre pas moins de qua-
rante mètres d'ouverture. L'arc triomphal paraît remonter à l'an 535
avant Jésus-Christ, et consacre l'amitié fraternelle d'Annibal envers
Amilcar. Ce sont deux beaux monuments que cet arc et ce pont, et
pourtant l'œil s'y arrête à peine, captivé qu'il est par le splendide pano-
rama du Mont-Serrat.