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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0226

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186 VOYAGE EN ESPAGNE.
maisons blanches, comme des yeux d'escargots sortis de leur coquille.
Nous n'avions que huit pilotes, hommes superbes, vêtus de camisoles
régulièrement rapiécées en velours écarlate, de gilets rouges, de cein-
tures bleues et noires, de retesillas éclatantes. Ce ne fut pas sans peine
qu'ils louvoyèrent contre le vent d'est et les courants divers que l'on
rencontre entre Fuente-Rabia et le cap Machichaco, et nous avions
navigué dix-huit heures, quand une brise favorable nous poussa vers
le petit port de Guetaria, ville où naquit Juan Sébastien Delcano, ce
hardi navigateur qui le premier osa, sous Charles-Quint, tenter un
voyage autour du monde sur la Victoria, dont la carcasse est conservée
à l'arsenal de la ville.
Une haute montagne creusée d'une petite baie; un rocher pyramidal
situé vis-à-vis, en plein midi, et communiquant avec le port, moyen-
nant une digue d'environ cent mètres de longueur; cent cinquante
cabanes groupées dans la verdure, comme un troupeau de chèvres
blanches; voilà Guetaria. Du côté droit, les paisibles habitants de cette
plage romantique ont l'air d'être hissés en croupe sur la pente des pré-
cipices, et de n'attendre que le moment favorable pour s'élancer dans
les flots; à gauche, grondent, tourbillonnent une infinité de cascades
formées par la mer, qui roule ses vagues entre des rocailles de granit.
Quand le vent souffle au sud, les vagues atteignent quelquefois une
hauteur prodigieuse et retombent en ondée de l'autre côté. La digue
contourne des masses rocheuses entre lesquelles existent trois bassins,
qui servent d'asile aux barques de pêcheurs, et que défend une chaussée
construite en parapet, garnie de quelques canons, surveillée par des
gardes-côtes. 11 faut une heure pour atteindre le sommet de la mon-
tagne : on y jouit d'un immense horizon. «L'œil, dit le voyageur
Fischer, se promène sur une longue suite de montagnes fleuries et par-
semées de chalets; ici, sur la baie couverte de barques; plus loin, sur
le bourg et ses jardins; ensuite, elle se repose sur la montagne même.
Quelle richesse! quel luxe de végétation! Partout des champs, des
broussailles, des vignes, des châtaigniers et des myrtes; de tous côtés
des sources et des cascades; enfin, c'est un ensemble à la fois magni-
fique et sauvage, auquel la mer, où le regard plonge avec étonnement,
ajoute encore de nouveaux charmes. »
 
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