BISCAYE. 189
dans l'eau pour y recevoir les cargaisons des bâtiments et les mettre à
terre ou les porter à la ville.
Bilbao, bello vao, le beau golfe, a présenté sans doute de tout temps
un ensemble d'habitations groupées par des marins et des pêcheurs.
En 1300, don Diego Lopez de Haro, seigneur du pays, ayant fait d'elle
une ville maritime et militaire, ses destinées, jusqu'en 1837, ont subi
les nombreuses vicissitudes que la guerre enfante. Cependant, plus heu-
reuse que Saint-Sébastien, elle n'a point éprouvé de ruine absolue; elle
porte un cachet d'antiquité moyen âge qui respire au front de ses églises,
de ses murailles et de ses façades surbaissées ; elle a des rues tortueuses
et des auvents, des madones dans des niches, des témoignages qui prou-
vent qu'anciennement sa population ne pouvait faire un pas sans signer
son front ou fléchir ses genoux; mais une autre ville, ville moderne,
active, impatiente, procédant par massifs rectangulaires, bien bâtie, bien
propre, bien badigeonnée, bien lavée, annonce qu'une existence nouvelle
absorbe l'existence de sa voisine. Les charrettes, les voitures ne circulent
ni dans l'une ni dans l'autre ville ; on y transporte les marchandises sur
des camions à roulettes. Un vieux pont, un pont suspendu en fils de fer,
le premier qu'on ait construit en Espagne, semble mesurer l'espace qui
sépare la ville nouvelle de la ville ancienne. Tous les monuments
civils, douane, théâtre, hôpital, hôtel de ville, jeu de paume, sont nou-
veaux , toutes les grandes fabriques, toutes les usines considérables,
faïencerie, papeteries , forges , verreries , savonneries , ne remontent
guère au delà de ces vingt-cinq dernières années. Un réservoir d'eau,
construit en forme de terrasse, alimenté par la rivière, alimente à son
tour toutes les fontaines. Capitale provinciale, séjour d'autorités nom-
breuses, peuplée de quinze à dix-huit mille habitants, ayant un réseau
de routes commodes et bien servies, Bibao est une des villes d'Espagne
qui, depuis la paix, ont fait les progrès les plus sensibles. Les maisons
de la ville vieille, dit un voyageur, sont construites , la majeure partie,
en bois; celles de la nouvelle en briques. Les premières ne respirent ni
l'art ni la commodité; dans les autres, le goût a fait des progrès éton-
nants. Au lieu de lourds balcons en bois, les maisons présentent des
balcons en fer très-proprement travaillés; les volets de cèdre et les petits
carreaux ronds des anciennes habitations se trouvent remplacés par de
dans l'eau pour y recevoir les cargaisons des bâtiments et les mettre à
terre ou les porter à la ville.
Bilbao, bello vao, le beau golfe, a présenté sans doute de tout temps
un ensemble d'habitations groupées par des marins et des pêcheurs.
En 1300, don Diego Lopez de Haro, seigneur du pays, ayant fait d'elle
une ville maritime et militaire, ses destinées, jusqu'en 1837, ont subi
les nombreuses vicissitudes que la guerre enfante. Cependant, plus heu-
reuse que Saint-Sébastien, elle n'a point éprouvé de ruine absolue; elle
porte un cachet d'antiquité moyen âge qui respire au front de ses églises,
de ses murailles et de ses façades surbaissées ; elle a des rues tortueuses
et des auvents, des madones dans des niches, des témoignages qui prou-
vent qu'anciennement sa population ne pouvait faire un pas sans signer
son front ou fléchir ses genoux; mais une autre ville, ville moderne,
active, impatiente, procédant par massifs rectangulaires, bien bâtie, bien
propre, bien badigeonnée, bien lavée, annonce qu'une existence nouvelle
absorbe l'existence de sa voisine. Les charrettes, les voitures ne circulent
ni dans l'une ni dans l'autre ville ; on y transporte les marchandises sur
des camions à roulettes. Un vieux pont, un pont suspendu en fils de fer,
le premier qu'on ait construit en Espagne, semble mesurer l'espace qui
sépare la ville nouvelle de la ville ancienne. Tous les monuments
civils, douane, théâtre, hôpital, hôtel de ville, jeu de paume, sont nou-
veaux , toutes les grandes fabriques, toutes les usines considérables,
faïencerie, papeteries , forges , verreries , savonneries , ne remontent
guère au delà de ces vingt-cinq dernières années. Un réservoir d'eau,
construit en forme de terrasse, alimenté par la rivière, alimente à son
tour toutes les fontaines. Capitale provinciale, séjour d'autorités nom-
breuses, peuplée de quinze à dix-huit mille habitants, ayant un réseau
de routes commodes et bien servies, Bibao est une des villes d'Espagne
qui, depuis la paix, ont fait les progrès les plus sensibles. Les maisons
de la ville vieille, dit un voyageur, sont construites , la majeure partie,
en bois; celles de la nouvelle en briques. Les premières ne respirent ni
l'art ni la commodité; dans les autres, le goût a fait des progrès éton-
nants. Au lieu de lourds balcons en bois, les maisons présentent des
balcons en fer très-proprement travaillés; les volets de cèdre et les petits
carreaux ronds des anciennes habitations se trouvent remplacés par de