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VOYAGE EN ESPAGNE.
montent des tympans triangulaires. Pour le joint des moellons, une
coupe en zigzag indique le faire traditionnel des Goths. Cette basi-
lique, accolée à la nouvelle catliédrale, de dix-neuf marches plus en-
foncée qu'elle, n'est point vaste, malgré ses trois nefs. Les sculptures
primitives qui la décorent, statues et bas-reliefs, respirent une grande
fermeté d'exécution , une taille dont la netteté n'exclut pas la finesse.
Quelques figures de l'avant-chœur, accompagnant les pointes ogivales
du transept ou terminant les arcs, sont d'une expression et d'une pose
hien singulières. Plusieurs tombeaux taillés dans des niches, accom-
pagnés de peintures à fresque, portent le caractère du treizième, du
quatorzième et du quinzième siècle. Ce sont presque tous des tom-
beaux de chanoines ou d'évêques, parmi lesquels repose l'infante
Mafalda, fille du roi don Alfonso YIII, épouse d'Alfonso IX de Léon,
morte à Salamanque en 1204. Le plus remarquable de ces monuments
funéraires, exécuté en marbre, est à droite du chœur, au fond d'une
chapelle latérale. Il a heureusement échappé aux ardeurs restaura-
trices du badigeon, que le marbre blanc lui-même n'a pas toujours eu
le privilège d'arrêter. Trois types sont en présence dans ce vénérable
sanctuaire : le type normand, représentant du treizième siècle; le type
germanique et le type espagnol, représentants mixtes des deux siècles
suivants. Au type espagnol appartient le retable du maître-autel, pein-
ture remarquable, pleine de naïveté, qui, dans une suite de cinquante-
cinq tableaux, a représenté la vie de la Vierge liée à la vie de Jésus-
Christ, depuis la naissance de Marie jusqu'à son couronnement. On
attribue cette œuvre à Gallegos, mais elle porte le caractère d'une
époque plus ancienne. On y reconnaît des réminiscences florentines de
l'école du Giotto, mêlées, combinées avec des inspirations indigènes.
L'expression et la teinte du Christ varient : l'artiste l'a représenté tan-
tôt blanc, tant bistre, tantôt noir. Deux de ces peintures, la première
et la deuxième, moins anciennes que les autres, imitées de l'école alle-
mande, pourraient bien être de Gallegos; mais le reste du retable
appartient certainement au quatorzième siècle.
La nouvelle cathédrale, commencée en 1513, comme l'indique
une inscription du portail, présente un ensemble majestueux, une
coupe hardie, mais une surcharge disgracieuse de sculpture ornemen-
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montent des tympans triangulaires. Pour le joint des moellons, une
coupe en zigzag indique le faire traditionnel des Goths. Cette basi-
lique, accolée à la nouvelle catliédrale, de dix-neuf marches plus en-
foncée qu'elle, n'est point vaste, malgré ses trois nefs. Les sculptures
primitives qui la décorent, statues et bas-reliefs, respirent une grande
fermeté d'exécution , une taille dont la netteté n'exclut pas la finesse.
Quelques figures de l'avant-chœur, accompagnant les pointes ogivales
du transept ou terminant les arcs, sont d'une expression et d'une pose
hien singulières. Plusieurs tombeaux taillés dans des niches, accom-
pagnés de peintures à fresque, portent le caractère du treizième, du
quatorzième et du quinzième siècle. Ce sont presque tous des tom-
beaux de chanoines ou d'évêques, parmi lesquels repose l'infante
Mafalda, fille du roi don Alfonso YIII, épouse d'Alfonso IX de Léon,
morte à Salamanque en 1204. Le plus remarquable de ces monuments
funéraires, exécuté en marbre, est à droite du chœur, au fond d'une
chapelle latérale. Il a heureusement échappé aux ardeurs restaura-
trices du badigeon, que le marbre blanc lui-même n'a pas toujours eu
le privilège d'arrêter. Trois types sont en présence dans ce vénérable
sanctuaire : le type normand, représentant du treizième siècle; le type
germanique et le type espagnol, représentants mixtes des deux siècles
suivants. Au type espagnol appartient le retable du maître-autel, pein-
ture remarquable, pleine de naïveté, qui, dans une suite de cinquante-
cinq tableaux, a représenté la vie de la Vierge liée à la vie de Jésus-
Christ, depuis la naissance de Marie jusqu'à son couronnement. On
attribue cette œuvre à Gallegos, mais elle porte le caractère d'une
époque plus ancienne. On y reconnaît des réminiscences florentines de
l'école du Giotto, mêlées, combinées avec des inspirations indigènes.
L'expression et la teinte du Christ varient : l'artiste l'a représenté tan-
tôt blanc, tant bistre, tantôt noir. Deux de ces peintures, la première
et la deuxième, moins anciennes que les autres, imitées de l'école alle-
mande, pourraient bien être de Gallegos; mais le reste du retable
appartient certainement au quatorzième siècle.
La nouvelle cathédrale, commencée en 1513, comme l'indique
une inscription du portail, présente un ensemble majestueux, une
coupe hardie, mais une surcharge disgracieuse de sculpture ornemen-