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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0324

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VOYAGE EN ESPAGNE.

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jusqu'à l'aldonado d'une paillasse élastique, malgré l'exemple donné par
Barcelone et Yitoria, copistes assez fidèles des habitudes françaises. Je
ne suis pas étonné si les guerriers espagnols se conforment avec tant de
facilité aux exigences d'une campagne; car, en se couchant sur la terre,
ilspeuvent se croire dans un lit, et sous leur main se présentera toujours
quelque marmiton capable de cuire le puchero. Au reste, loin de blâmer
cette simplicité, je l'admire; je la crois plus voisine du véritable bon-
heur que ne saurait l'être notre sensualité parisienne.
Depuis que je connais bien les nuits d'Espagne, si splendides, si calmes,
si pleines de parfums et de poésie, il m'est arrivé souvent de penser
au colonel Cadalso, l'auteur des Nuits lugubres, Noches lugubres ; œuvre
mélancolique, imitée des Nuits d'Young et des Méditations d'Hervey
sur les tombeaux. Qu'un Anglais, sous l'impression triste d'un ciel bru-
meux ou du retentissement des vagues, ait imaginé ces poétiques larmes
dont s'enivrent les imaginations faibles, je leconçois; mais qu'un Espa-
gnol, entouré des pompes de la nature, vienne pleurer à la manière
anglaise, c'est ce que je ne comprends pas sans peine. Cependant il fut
une époque où, devenu, comme Cadalso, rêveur au milieu des illusions
de la jeunesse et des prestiges d'une admirable nature, je passais avec
son fossoyeur des heures entières que j'eusse beaucoup mieux employées
autrement.
 
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