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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0376

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VOYAGE EN ESPAGNE.

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antiquaires. Soit en peinture, soit en sculpture, le caractère byzantin
des Vierges espagnoles a conservé, jusqu'à la fin du quatorzième siècle,
presque toute sa pureté native. Depuis cette époque, ou le voit se modi-
fier, mais sans abandonner encore le type grec, mélange de noblesse
sévère, de grandeur abnégative et de fermeté. Les artistes respectent
le type et conservent néanmoins un faire original.
Pendant le quinzième siècle, différentes importations émanées de
l'Allemagne, de la Flandre et de la Normandie, viennent altérer ce
caractère byzantin. Rien n'est plus curieux que de suivre alors l'image
de Marie dans ses différentes transformations : se rapprochant de
l'idéal si l'artiste a dans le cœur plus de poésie chrétienne, plus de
convictions profondes que de pratique d'atelier; s'en éloignant, au
contraire, s'il est naturiste au lieu d'être sensualiste.
Les Vierges normandes traitées d'une main ferme, avec un caractère
de physionomie dont la gracieuseté n'exclut pas la puissance, nous ont
paru se ressentir de cette expédition pendant laquelle plusieurs ar-
tistes, sous les drapeaux du fameux Robert Guiscard, retrouvèrent en
Sicile un type grec qu'ils ont naturalisé chez eux. Quant aux Vierges
germaniques, elles se sont produites avec l'expression riante, avec la
finesse d'attaches que j'ai remarquée dans les œuvres des écoles de
Strasbourg, de Cologne et de Prague; tandis que les Vierges flamandes
se sont offertes empreintes d'une naïveté froide, pleine de candeur et de
grâce. Évidemment, le sentiment primitif s'altérait; une modification
s'introduisait dans la pensée, et de la pensée s'insinuait dans l'art.
Beaucoup d'artistes espagnols choisirent, comme objets d'études, un
des trois types nouveaux; tandis que d'autres artistes continuèrent à
copier les types byzantins; mais ces derniers, devenus imitateurs, ces-
sèrent de créer.
Du quinzième siècle datent, pour l'Espagne, deux modèles de Vierges
tout à fait différents d'expression, de pose et de symbolisme : première-
ment une Vierge radiée, placée au centre d'un oval lumineux; seconde-
ment une Vierge couronnée par deux anges. Dès le seizième siècle, la
peinture reproduisit à profusion ce double type; et la Vierge radiée, sur
fond d'or, se multiplia tellement qu'on la retrouve aujourd'hui dans
 
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