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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0377

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LA VIERGE.

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presque toutes les principales églises de l'Espagne. Nous en avons vu
plus de cinquante; les unes du seizième siècle, les autres des siècles
suivants, jusqu'au dix-neuvième; et malgré de minutieuses recher-
ches, il ne nous a point été possible de trouver un seul des tableaux
primitifs dont elles dérivent. Plusieurs Vierges radiées portent encore
l'empreinte de l'école byzantine, tandis que les Vierges couronnées,
dérivant d'une conception beaucoup moins ancienne, rentrent déjà
dans le domaine de notre idéalité moderne.
Nous n'oserions pas dire, d'une manière absolue, que la Vierge ra-
diée est d'origine espagnole. Cependant nous ne l'avons vue nulle part
ailleurs qu'en Espagne, avec un caractère d'antiquité si franc. Sur les
plus vieux tableaux de ce genre, nous avons même remarqué un sys-
tème d'ornementation à fonds d'or, avec carreaux ou losanges, qui
n'existe en aucun autre pays.
Lorsque la peinture idéalisait ainsi l'auguste mère du Christ, la
sculpture, plus sévère, lui donnait une pose tranquille, presque dé-
pourvue de mouvement; elle la représentait assise ou droite, tenant
l'enfant Jésus, mais le tenant comme symbole, avec une expression
d'espérance, plutôt qu'avec l'expression d'un sentiment maternel. Ce
dernier sentiment, d'un ordre secondaire, dans la mystérieuse évolu-
tion du Dieu fait homme, n'avait point été rendu par les artistes grecs
de l'époque primitive; il ne l'a pas été non plus par les grands
sculpteurs du moyen âge. Dans une cathédrale que je crois être la
cathédrale de Burgos, j'ai remarqué sainte Anne portant sur un bras la
Vierge couronnée, et cette Vierge tenant de la même manière l'enfant
Jésus : généalogie ascendante exprimée avec un faire d'une naïveté très-
originale.
En Espagne, déjà bien avant le douzième siècle, ou voit la Vierge
figurer dans trois scènes que l'art primitif a presque toujours rendues
identiquement quant aux poses : ce sont l'Annonciation ou la Concep-
tion, le Calvaire et la Béatification ou Couronnement. Dans la scène
de l'Annonciation et dans celle de la Conception, l'attitude de Marie
se montre presque constamment la même : immobilité de contempla-
tion, immobilité d'une joie profonde, plus concentrée qu'expansive.
Dans la scène du Calvaire, immobilité d'un autre genre, l'immobilité
 
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