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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0378

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VOYAGE EN ESPAGNE.

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de la douleur. Dans la scène du couronnement, l'immobilité de la
gloire triomphante, de l'extase d'une félicité sans bornes.
Ainsi, par le choix de l'un de ces trois sujets, les sculpteurs et les
peintres évitaient les difficultés du mouvement, et leurs combinaisons
trinaires s'accommodaient, on ne peut mieux, des tableaux du Calvaire
et de la Béatification. Trois personnages, le Christ en croix, la Vierge et
la Madeleine, ayant tous trois une attitude bien distincte, figurant isolés
l'un de l'autre, composaient le Calvaire; trois personnages, la Vierge,
assise, Dieu le Père et Dieu le Fils, posant une couronne sur sa tête,
formaient le tableau de la Béatification. Ces deux représentations s'a¬
daptaient, de la manière la plus convenable, aux surfaces d'arcs-en-tiers
point, aux tympans triangulaires, aux pinacles, et semblaient attendre
l'époque, désormais prochaine, où l'art oserait reproduire des attitudes
inclinées, des mouvements et des impressions morales.
Les Espagnols du moyen âge, très-dévots à la Vierge, avaient, géné-
ralement dans leurs maisons, un petit oratoire qu'ils lui consacraient;
et dans les villes, dans les villages, ou ne faisait point cinquante pas
sans rencontrer quelque higarciUo décoré d'une image de la reine du
ciel. Il en existe encore certain nombre, surtout vers la Galice, les Astu-
ries et l'Estramadure; il est des effigies fort anciennes, mais parmi ces
dernières, presque jamais nous n'avons remarqué d'autres types que des
types d'imitation. A la vérité, l'imitation s'y revêt d'un caractère indi-
gène qui rappelle souvent la fermeté byzantine, et qui tient quelque
chose de cette expression d'étonnement qu'offre le type grec dégénéré.
Depuis le treizième siècle, au lieu de se tenir clans les hautes régions
de l'idéalisme, l'art semble interpréter volontiers les sentiments les plus
vulgaires. Sous la main des sculpteurs et des peintres la Vierge devient
une femme jeune et belle, mais une femme ordinaire, une femme comme
une autre, qui assiste aux querelles de ménage entre sainte Anne et
saint Joachim, puis à leur réconciliation; qui se marie, qui voyage en
cacolet, qui accouche dans un bon lit, assistée d'une matrone; qui reçoit
avec politesse lesvisites de sa mère, avec déférence les ordres de son mari,
et qui se mêle au grand drame de la passion sans paraître en prévoir le
résultat sublime. Tel nous a paru le caractère distinctif de Nuestra Se-
nora de la Armada, dans la collégiale de Saint-Félix, à San-Felipe; de
 
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