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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0383

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LA VIERGE.
semble tous les saints et toutes les saintes du paradis. Sans parler des
pèlerinages à Notre-Dame d'Atocha, à Notre-Dame del Pilar, à Notre-
Dame du Mont-Serrat, que nous avons déjà fait connaître, on trouve
dans la Navarre la Vierge de la Remega ou du Pardon; dans l'ancien
royaume de Valence, au milieu des montagnes, la Cueva sanla, grotte
profonde, solitaire, à dix kilomètres de Segorbes, où demeure une
Vierge réputée miraculeuse. Non loin des embouchures de l'Èbre
dans un site bien digne du pinceau de Salvator Rosa, d'où l'œil s'étend
sur la Méditerranée, à proximité du col de Balaguer et de la petite ville
de Perello, c'est la Senora de la Aurora, l'auguste messagère des jours
heureux, qui semble apparaître brillante sur les rayons émanés de la
nue; dans la pauvre petite ville d'Illescas, c'est la Vierge de la Caridad;
dans la Gallice, Nuestra Senora de la Esclavitud, qui, le 8 septembre,
attire, comme la Vierge de la Cueva santa, un prodigieux concours; à
deux ou trois kilomètres de Tarancon, patrie de monseigneur le duc de
Rianzares, c'est Nuestra Senora de Rianzares, en grande vénération
dans toute la contrée d'alentour.
Le premier vendredi du mois de mai, les jeunes filles de Jaca vont au
champ de Las Tiendas honorer celle qui, sous le nom de Vierge des
combats, a défait les Maures en 793; à Roncevaux, elle veille sur les
cendres des héros d'avant-garde de Charlemagne; à Séville, on montre
la porte où sa main victorieuse introduisit san Fernando; à Cuença,
l'embrasure de laquelle, sous son égide, don Alonso s'élança contre les
Maures... Chez une nation vaillante comme la nation espagnole, Marie
n'eût été qu'imparfaitement honorée , si le scapulaire et le rosaire, pré-
cieux cadeaux que les Espagnols lui attribuent, avaient brillé dans sa
main isolément du glaive des combats. S'ils l'aimèrent compatissante et
bonne; ils l'aimèrent bien davantage héroïne; et s'ils se revêtirent
presque tous de sa livrée; si les femmes prirent l'habitude du rosaire,
si le scapulaire couvrit tant de nobles cœurs, croyez-le bien, ce fut parce
que la Vierge de la paix était en même temps la Vierge des combats.
Les Espagnols invoquent dans toutes les circonstances la protection
de Marie. Ils la rendent même solidaire de leurs actions, et l'on a vu des
négociants la prendre en participation de bénéfice, se faire commanditer
par elle. On raconte qu'au dix-septième siècle, Pierre Isaac, négociant
 
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