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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0409

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L'ESCURIAL.

3od
goût. Ils brillent par des difficultés vaincues, par des tours de force et
des essais de patience, mais non par la noblesse et la grâce. Les meilleurs
tableaux qui décoraient autrefois l'Escurial n'y sont plus. Cependant,
à la grande sacristie se trouvent des toiles d'el Greco, ainsi que des
copies de Raphaël et de plusieurs autres maîtres, d'une exécution assez
bonne. Le retable d'autel du fond de cette sacristie est certainement
de quelque maître espagnol du dix-septième siècle : il représente une
Messe, et ne manque ni d'ensemble, ni d'harmonie. Mais que sont
toutes ces choses à côté de l'œuvre capitale dont se trouve décoré le
lavabo, sorte d'antichambre placée en avant de la sacristie. Cette œuvre
remarquable, un des monuments d'art les plus précieux du royaume,
représente une Descente de Croix, disposée sur fond d'or, avec ombres
et glacis. La scène se passe entre dix personnages pénétrés d'une dou-
leur calme qui s'harmonise très-bien avec la destinée providentielle du
Christ, dont le mouvement respire un mol abandon et dont l'expression
mortelle s'offre remplie de noblesse, malgré la maigreur des membres.
Toutes ces figures sont dignes; toutes ces formes sont modelées avec
un sentiment exquis de la nature, avec une pureté presque idéale, tant
il y entre de délicatesse et de goût. Il existe au musée de Madrid un
tableau semblable, mais d'une époque postérieure. Nous en connais-
sons un autre au musée royal de Berlin, d'une date postérieure encore
à celui de Madrid, et portant le millésime 1488. Ainsi le tableau
de l'Escurial serait le premier du maître, et aurait servi de point de
départ pour les deux autres. Maintenant, quel est ce maître? Faut-il
l'attribuer, comme l'ont fait quelques connaisseurs, au père de Van-der-
Weyde, ou le mettre sur le compte de son fils Roger? Nous n'hésiterons
pas : le jet des draperies, la perfection avec laquelle sont dessinées les
extrémités anatomiques, l'étude profonde de la nature morte qui ressort
de l'aspect même des plaies, saignant comme saigne un cadavre de
la veille, tout nous dit que Roger seul en est le véritable auteur. Des
deux côtés de ce tableau se voient deux prophètes, bien dessinés, bien
rendus, mais d'une époque beaucoup moins ancienne : ils sentent la
touche de Gribaldi.
Après le chef-d'œuvre de Roger Van-der-Weyde, une seule chose
pourrait captiver notre attention dans le palais de l'Escurial, c'est la
 
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