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DE MADRID A TOLÈDE.
long d'une plinthe de même métal que rehaussent des armoiries en
relief. Le portail fut construit par maestro Égas, vers 1459. L'intérieur
des portes de bronze, partie en bois, est dû au ciseau d'un Hollandais,
Diégo Copin (1541), tandis que l'extérieur, en bronze, sort des mains
de Francisco Villalpando (1545).
Cet auguste sanctuaire, d'une longueur de quatre cent quatorze pieds
sur deux cent quatre de large, ayant cinq nefs symétriquement inégales,
dont la centrale, la plus haute des cinq, s'élève à cent soixante pieds,
est soutenu par quatre-vingt-quatre piliers très-sveltes, éclairé par des
vitraux peints et garni d'une infinité de sculptures très-remarquables.
Trente stalles à hauts personnages , exécutées en 1495 par maître Ro-
drigo, présentent les campagnes de Ferdinand et d'Isabelle. Celles du
côté droit sont de Vigarni, mort à Tolède en 1543, artiste jugé digne
de recevoir la sépulture dans le monument qu'il venait d'orner.
Le retable de la capilla Mayor, auquel on arrive par des degrés de
jaspe coloré, renferme cinq compartiments dont les sculptures, exé-
cutées vers l'année 1500, représentent la vie de Jésus-Christ et celle de
la Vierge. Les groupes, travaillés avec moins de finesse que ceux du
grand retable de Séville, sont aussi moins confus et mieux disposés
dans un système d'encadrement dont l'alentour semble frangé. Cette
capilla fut malheureusement agrandie par le célèbre cardinal Ximenez,
car elle perdit son caractère primitif. La grille fut exécutée en 1548 par
Villalpando. Les deux chaires, en métal doré, qui surmontent une co-
lonne en marbre placée de chaque côté du chœur, nous ont semblé bien
mesquines, bien inférieures, comme faire, aux immenses grilles du
jubé. Le buffet des orgues jure peut-être avec la disposition générale
des objets qui l'entourent; mais on oublie l'exiguité de ces chaires
quand une parole solennelle s'y fait entendre; on ne se plaint pas du
désaccord des sculptures d'un buffet d'orgue traité dans le genre de
Churriguere, quand ses énormes tuyaux inondent le sanctuaire d'un
torrent d'harmonie. D'autres contrastes affligent plus légitimement
l'amateur éclairé des beaux-arts. Malgré le talent incontestable des
artistes chargés par le cardinal Ximenez du soin de modifier le chœur,
on a bien lieu de regretter que ces admirables statues mouillées qui
entourent les piliers antérieurs des deux ailes du jubé, si fines, si naïve-
DE MADRID A TOLÈDE.
long d'une plinthe de même métal que rehaussent des armoiries en
relief. Le portail fut construit par maestro Égas, vers 1459. L'intérieur
des portes de bronze, partie en bois, est dû au ciseau d'un Hollandais,
Diégo Copin (1541), tandis que l'extérieur, en bronze, sort des mains
de Francisco Villalpando (1545).
Cet auguste sanctuaire, d'une longueur de quatre cent quatorze pieds
sur deux cent quatre de large, ayant cinq nefs symétriquement inégales,
dont la centrale, la plus haute des cinq, s'élève à cent soixante pieds,
est soutenu par quatre-vingt-quatre piliers très-sveltes, éclairé par des
vitraux peints et garni d'une infinité de sculptures très-remarquables.
Trente stalles à hauts personnages , exécutées en 1495 par maître Ro-
drigo, présentent les campagnes de Ferdinand et d'Isabelle. Celles du
côté droit sont de Vigarni, mort à Tolède en 1543, artiste jugé digne
de recevoir la sépulture dans le monument qu'il venait d'orner.
Le retable de la capilla Mayor, auquel on arrive par des degrés de
jaspe coloré, renferme cinq compartiments dont les sculptures, exé-
cutées vers l'année 1500, représentent la vie de Jésus-Christ et celle de
la Vierge. Les groupes, travaillés avec moins de finesse que ceux du
grand retable de Séville, sont aussi moins confus et mieux disposés
dans un système d'encadrement dont l'alentour semble frangé. Cette
capilla fut malheureusement agrandie par le célèbre cardinal Ximenez,
car elle perdit son caractère primitif. La grille fut exécutée en 1548 par
Villalpando. Les deux chaires, en métal doré, qui surmontent une co-
lonne en marbre placée de chaque côté du chœur, nous ont semblé bien
mesquines, bien inférieures, comme faire, aux immenses grilles du
jubé. Le buffet des orgues jure peut-être avec la disposition générale
des objets qui l'entourent; mais on oublie l'exiguité de ces chaires
quand une parole solennelle s'y fait entendre; on ne se plaint pas du
désaccord des sculptures d'un buffet d'orgue traité dans le genre de
Churriguere, quand ses énormes tuyaux inondent le sanctuaire d'un
torrent d'harmonie. D'autres contrastes affligent plus légitimement
l'amateur éclairé des beaux-arts. Malgré le talent incontestable des
artistes chargés par le cardinal Ximenez du soin de modifier le chœur,
on a bien lieu de regretter que ces admirables statues mouillées qui
entourent les piliers antérieurs des deux ailes du jubé, si fines, si naïve-