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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0469

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411

ANDALOUSIE.
considérables. Cependant la partie de la Manche que traverse la route
a pris, depuis quelques années, des apparences beaucoup moins misé-
rables.
MANÇANARÈS, VALDEPENAS, SANTA-CRUZ.
Trois villes, Mançanarès, Valdepenas et Santa-Cruz de Mudela, que
nous allons traverser successivement, nous initieront aux habitudes
bourgeoises des Manchegos, les indigènes de la Manche. Partout ils se
montreront honnêtes, gais, durs au travail, patients, braves, sobres,
mais ombrageux et susceptibles, tels que les a peints Cervantès. La
plupart des Manchegas sont laides, petites, robustes : elles portent
volontiers des jupons de laine jaune qui ne descendent guère qu'à mi-
jambe, et un mouchoir rouge sur la tête; c'est leur costume journalier.
Les hommes s'enveloppent d'un manteau, mettent des bas sans pieds
qui s'arrêtent au-dessus de la cheville, et des souliers de chanvre,
quand ils jouissent de quelque aisance; autrement, ils vont pieds nus.
A voir ces gens-là, autour de leurs cabanes de boue, on les prendrait
pour les statues du Silence et de la Pauvreté.
« Les lenteurs du relai, a dit M. Menière dans son livre manuscrit,
m'ont permis de flâner un peu sur la place centrale de Mançanarès, celle
qui porte toujours le nom de plaza de la Constitution, et qui possède
habituellement quelque édifice public digne de l'attention du voyageur.
Il y a là, en effet, une vieille église du seizième siècle, fort délabrée,
mais sur la façade de laquelle on voit bon nombre d'ornements du genre
plateresco, comme on le dit en Espagne, c'est-à-dire appartenant à l'épo-
que de la renaissance. Il y a des colonnes chargées de sculptures, des
médaillons, des bas-reliefs représentant des saints, etc., et le tout pré-
sente un caractère fort gracieux. J'étais tout surpris de voir cette grande
façade divisée en compartiments par des lignes jaunes et noires, et por-
tant des numéros d'ordre en très-grand nombre. Un colonel, mon com-
pagnon de voyage, que ses fonctions d'inspecteur militaire mettent au
courant de toutes les particularités que je rencontre, me dit que cette
place se transforme en un vaste amphithéâtre pour les courses de tau-
reaux, et que les numéros et les lignes que j'aperçois indiquent la posi-
tion des loges. Ainsi l'Église ne se formalise pas de cette transformation
 
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