442 VOYAGE EN ESPAGNE.
rains, exagérant sans doute beaucoup les choses, donnent à Cordoue
six cents hôtelleries, neuf cents bains, trois cents mosquées, un million
d'habitants; ils prétendent que le sérail du khalif se composait de six
mille personnes, et que douze mille cavaliers richement équipés for-
maient sa garde. Si nous retranchons les deux tiers d'un tableau peu
vraisemblable, il restera suffisamment encore, pour placer Cordoue au
niveau de Bagdad et de Damas, les deux grandes métropoles de l'isla-
misme.
Les Maures n'ont rien laissé perdre à l'université de Cordoue de son
ancienne réputation. Deux philosophes cités par saint Thomas, Algazel
et Avempace, y professaient la morale. Alialbohacen et Ali-Aben-Ragel,
profonds érudits, sont issus de cette école. Abenzual, surnommé le Sage,
astrologue et médecin, y prit des leçons. Du même sanctuaire sor-
taient les trente médecins ou philosophes, qui ont écrit ou seulement
classé le vaste Compendium mis sous le nom d'Avicenne. A Cordoue
sont nés, d'ailleurs, beaucoup d'illustrations diverses, aux destinées
desquelles l'université doit avoir contribué puissamment : Abdallah
ben Mohammed Alschacphi-al-Susi, Albermarcar, Abramo, Mesalco,
astrologues, médecins, philosophes; Rashez Almanzour, connu par
quantité d'ouvrages curieux sur la médecine et l'histoire; Averrhoès
(Aboul Vélyd Mohammed Ibn Rochd), le commentateur par excellence;
l'historien Aben-Regid, etc.
Aujourd'hui, un lycée fort mal suivi, un séminaire, quelques écoles,
tiennent lieu d'université; de même que les échoppes de Francisco La-
zano et de Juan Mante, remplacent les grands ateliers calligraphiques
des khalifes et l'imprimerie d'Alonso Fernandez, introducteur de son
art, tant à Cordoue qu'à Valence 1478).
LA MEZQUTA.
Des arches irrégulières couronnaient déjà les seize piles massives du
pont romain; des mosquées remplaçaient tous les temples païens,
toutes les basiliques et les cryptes chrétiennes; des substructions, gros-
sièrement imitées de l'architecture romaine, s'asseyaient déjà triom-
phantes, sur les hases solides fondées par les maîtres du monde pour
l'éternité d'un empire, quand Abdu-r-Rhaman voulut, dans une ini-
rains, exagérant sans doute beaucoup les choses, donnent à Cordoue
six cents hôtelleries, neuf cents bains, trois cents mosquées, un million
d'habitants; ils prétendent que le sérail du khalif se composait de six
mille personnes, et que douze mille cavaliers richement équipés for-
maient sa garde. Si nous retranchons les deux tiers d'un tableau peu
vraisemblable, il restera suffisamment encore, pour placer Cordoue au
niveau de Bagdad et de Damas, les deux grandes métropoles de l'isla-
misme.
Les Maures n'ont rien laissé perdre à l'université de Cordoue de son
ancienne réputation. Deux philosophes cités par saint Thomas, Algazel
et Avempace, y professaient la morale. Alialbohacen et Ali-Aben-Ragel,
profonds érudits, sont issus de cette école. Abenzual, surnommé le Sage,
astrologue et médecin, y prit des leçons. Du même sanctuaire sor-
taient les trente médecins ou philosophes, qui ont écrit ou seulement
classé le vaste Compendium mis sous le nom d'Avicenne. A Cordoue
sont nés, d'ailleurs, beaucoup d'illustrations diverses, aux destinées
desquelles l'université doit avoir contribué puissamment : Abdallah
ben Mohammed Alschacphi-al-Susi, Albermarcar, Abramo, Mesalco,
astrologues, médecins, philosophes; Rashez Almanzour, connu par
quantité d'ouvrages curieux sur la médecine et l'histoire; Averrhoès
(Aboul Vélyd Mohammed Ibn Rochd), le commentateur par excellence;
l'historien Aben-Regid, etc.
Aujourd'hui, un lycée fort mal suivi, un séminaire, quelques écoles,
tiennent lieu d'université; de même que les échoppes de Francisco La-
zano et de Juan Mante, remplacent les grands ateliers calligraphiques
des khalifes et l'imprimerie d'Alonso Fernandez, introducteur de son
art, tant à Cordoue qu'à Valence 1478).
LA MEZQUTA.
Des arches irrégulières couronnaient déjà les seize piles massives du
pont romain; des mosquées remplaçaient tous les temples païens,
toutes les basiliques et les cryptes chrétiennes; des substructions, gros-
sièrement imitées de l'architecture romaine, s'asseyaient déjà triom-
phantes, sur les hases solides fondées par les maîtres du monde pour
l'éternité d'un empire, quand Abdu-r-Rhaman voulut, dans une ini-