494 VOYAGE EN ESPAGNE.
rable, ne communique avec la mer qu'au moyen d'un goulet étroit,
sorte de déchirure d'une montagne que l'on a couverte de fortifica-
tions. On voit des embrasures de canons garnies de leurs pièces; un
vaisseau de guerre qui tenterait ce passage recevrait une grêle de
boulets.
La ville se trouve au fond de la baie, : si elle ne paraît pas considé-
rable, ou aperçoit du moins quelques édifices d'un aspect imposant,
les quais sont beaux et vastes; il y a quelques batiments mouillés
autour de nous, mais qui semblent bien rares au milieu de ce vaste
bassin où une flotte entière trouverait assez d'espace.
On dit que Carthagène a été fondée par Asdrubal, et que, du
temps de la domination romaine, elle était florissante. Détruite par
les Gotlis, elle fut relevée de ses ruines par Philippe II, qui en fit le
premier port de l'Espagne. Lorsque Scipion s'en empara, il y trouva
des richesses considérables, surtout en métaux, et les mines d'argent
du voisinage furent longtemps exploitées avec un plein succès. Phi-
lippe II résolut de faire chercher de nouveau ces filons si riches, mais
les mines du Mexique firent négliger celles de l'Espagne, et les établis-
sements nationaux furent abandonnés. Dans ces derniers temps, on a
repris les travaux d'exploitation; j'ai vu, au fond de la baie, à gau-
che, une vaste usine métallurgique qui fournit de beaux produits.
Notre capitaine m'a dit que bien souvent déjà il avait transporté à
Marseille des caisses de lingots d'argent provenant des environs de
Carthagène. Tant mieux! L'Espagne redeviendrait promptement flo-
rissante si elle tirait parti des richesses que recèle son sol : elle a en
elle un véritable Pérou.
Comme port militaire, Carthagène est sans rivale en Espagne; au
dire des marins, on ne trouve nulle part un bassin aussi vaste, aussi
profond; les plus grands vaisseaux peuvent jeter l'ancre à quelques
mètres du quai. André Doria, le célèbre amiral génois, disait que la
Méditerranée ne possédait pas de port plus sûr, plus commode. A
l'époque de la plus grande puissance de l'Espagne, ses flottes y trou-
vaient un refuge assuré contre la tempête.
Une circonstance m'ayant empêché de quitter le Phénicien aussi
promptement que je l'aurais voulu, j'ai pu contempler à mon aise
rable, ne communique avec la mer qu'au moyen d'un goulet étroit,
sorte de déchirure d'une montagne que l'on a couverte de fortifica-
tions. On voit des embrasures de canons garnies de leurs pièces; un
vaisseau de guerre qui tenterait ce passage recevrait une grêle de
boulets.
La ville se trouve au fond de la baie, : si elle ne paraît pas considé-
rable, ou aperçoit du moins quelques édifices d'un aspect imposant,
les quais sont beaux et vastes; il y a quelques batiments mouillés
autour de nous, mais qui semblent bien rares au milieu de ce vaste
bassin où une flotte entière trouverait assez d'espace.
On dit que Carthagène a été fondée par Asdrubal, et que, du
temps de la domination romaine, elle était florissante. Détruite par
les Gotlis, elle fut relevée de ses ruines par Philippe II, qui en fit le
premier port de l'Espagne. Lorsque Scipion s'en empara, il y trouva
des richesses considérables, surtout en métaux, et les mines d'argent
du voisinage furent longtemps exploitées avec un plein succès. Phi-
lippe II résolut de faire chercher de nouveau ces filons si riches, mais
les mines du Mexique firent négliger celles de l'Espagne, et les établis-
sements nationaux furent abandonnés. Dans ces derniers temps, on a
repris les travaux d'exploitation; j'ai vu, au fond de la baie, à gau-
che, une vaste usine métallurgique qui fournit de beaux produits.
Notre capitaine m'a dit que bien souvent déjà il avait transporté à
Marseille des caisses de lingots d'argent provenant des environs de
Carthagène. Tant mieux! L'Espagne redeviendrait promptement flo-
rissante si elle tirait parti des richesses que recèle son sol : elle a en
elle un véritable Pérou.
Comme port militaire, Carthagène est sans rivale en Espagne; au
dire des marins, on ne trouve nulle part un bassin aussi vaste, aussi
profond; les plus grands vaisseaux peuvent jeter l'ancre à quelques
mètres du quai. André Doria, le célèbre amiral génois, disait que la
Méditerranée ne possédait pas de port plus sûr, plus commode. A
l'époque de la plus grande puissance de l'Espagne, ses flottes y trou-
vaient un refuge assuré contre la tempête.
Une circonstance m'ayant empêché de quitter le Phénicien aussi
promptement que je l'aurais voulu, j'ai pu contempler à mon aise