RIVE MEDITERRANEENNE. 527
chéries du soleil, caressées par une mer d'azur, s'allongeant sur le
rivage, et ce que j'avais sous les yeux ressemblait trait pour trait à ces
féeries orientales. Une multitude de maisons terminées par une terrasse
avec une sorte de tourelle contenant l'escalier qui conduit à ces hau-
teurs, des toiles d'une blancheur éblouissante tendues dans toutes les
directions, voilà ce que j'ai distingué du faite de mon observatoire;
mais j'étais ébloui, véritablement ébloui, par la lumière qui se réfléchis-
sait sur ces surfaces éclatantes. De ce point élevé on embrasse l'en-
semble de la ville et une grande partie de l'ile de Léon. On distingue
Rota, Xérès, Puerto-Santa-Maria, Chiclana, et plusieurs autres villes
environnantes; mais ce qui m'a paru le plus admirable, c'est la mer,
presque immobile en ce moment; la grande mer océanique qui semble
dormir au soleil, et dont les vagues qui clapotent brisent en millions
d'étincelles la pluie de feu qui les inonde. Je n'ai jamais vu pareil
embrasement. Un vaste silence règne au loin sur cette plaine aux tem-
pêtes sonores; le feu du jour a fait de l'Océan une sorte de désert,
comme sur les sables d'Afrique, et un vaisseau qui parait à peine à
l'horizon, ressemble à un chameau solitaire qui traverse le Sahara pour
gagner quelque oasis que lui révèle son instinct. Je serais resté des
heures entières à contempler ce grand spectacle, mais il me manquait
un parasol; et comme je sentais ma cervelle disposée à entrer en ébulli-
tion, j'ai dû quitter ces hautes régions pour éviter de devenir fou.
L'étroitesse des rues de Cadix fait qu'on y trouve de l'ombre; elles
sont bien propres, bien tenues; seulement on les a pavées avec des
cailloux roulés sur lesquels on ne marche qu'avec peine. Nous avons
vu la même chose, ou à peu pres, dans toutes les villes que nous ve-
nons de parcourir, mais nous ne nous en plaignons pas moins. 11 y a
bien des dalles assez larges formant ruisseau, trottoir; Dieu sait si
nous sommes habiles à choisir ces surfaces planes et polies si douces à
nos pieds endoloris.
Lorsqu'on débarque sur le môle et que l'on a franchi la Puerta del mar
et ses douaniers, l'on arrive d'abord sur une belle place qui est celle
de San-Juan de Dios, au fond de laquelle on aperçoit un grand édifice qui
est, je crois, l'hôtel-de-ville. De là, Cadix s'étend en éventail, et la plu-
part des rues viennent converger vers ce centre. Entre la porte de Mar
chéries du soleil, caressées par une mer d'azur, s'allongeant sur le
rivage, et ce que j'avais sous les yeux ressemblait trait pour trait à ces
féeries orientales. Une multitude de maisons terminées par une terrasse
avec une sorte de tourelle contenant l'escalier qui conduit à ces hau-
teurs, des toiles d'une blancheur éblouissante tendues dans toutes les
directions, voilà ce que j'ai distingué du faite de mon observatoire;
mais j'étais ébloui, véritablement ébloui, par la lumière qui se réfléchis-
sait sur ces surfaces éclatantes. De ce point élevé on embrasse l'en-
semble de la ville et une grande partie de l'ile de Léon. On distingue
Rota, Xérès, Puerto-Santa-Maria, Chiclana, et plusieurs autres villes
environnantes; mais ce qui m'a paru le plus admirable, c'est la mer,
presque immobile en ce moment; la grande mer océanique qui semble
dormir au soleil, et dont les vagues qui clapotent brisent en millions
d'étincelles la pluie de feu qui les inonde. Je n'ai jamais vu pareil
embrasement. Un vaste silence règne au loin sur cette plaine aux tem-
pêtes sonores; le feu du jour a fait de l'Océan une sorte de désert,
comme sur les sables d'Afrique, et un vaisseau qui parait à peine à
l'horizon, ressemble à un chameau solitaire qui traverse le Sahara pour
gagner quelque oasis que lui révèle son instinct. Je serais resté des
heures entières à contempler ce grand spectacle, mais il me manquait
un parasol; et comme je sentais ma cervelle disposée à entrer en ébulli-
tion, j'ai dû quitter ces hautes régions pour éviter de devenir fou.
L'étroitesse des rues de Cadix fait qu'on y trouve de l'ombre; elles
sont bien propres, bien tenues; seulement on les a pavées avec des
cailloux roulés sur lesquels on ne marche qu'avec peine. Nous avons
vu la même chose, ou à peu pres, dans toutes les villes que nous ve-
nons de parcourir, mais nous ne nous en plaignons pas moins. 11 y a
bien des dalles assez larges formant ruisseau, trottoir; Dieu sait si
nous sommes habiles à choisir ces surfaces planes et polies si douces à
nos pieds endoloris.
Lorsqu'on débarque sur le môle et que l'on a franchi la Puerta del mar
et ses douaniers, l'on arrive d'abord sur une belle place qui est celle
de San-Juan de Dios, au fond de laquelle on aperçoit un grand édifice qui
est, je crois, l'hôtel-de-ville. De là, Cadix s'étend en éventail, et la plu-
part des rues viennent converger vers ce centre. Entre la porte de Mar