RIVE MÉDITERRANÉENNE. 331
vigoureusement applaudi. M. Orfila a répondu en pur castillan à cette
allocution de son confrère; jamais je ne l'ai vu mieux inspiré. Ajou-
terai-je que j'ai eu ma part de ces politesses; que j'ai dû remercier (en
français) ces messieurs de l'accueil que j'ai reçu, et que ce mutuel
échange de bons procédés avait un caractère de bienveillance cordiale
qui m'a profondément touché? On vante, à bon droit, la courtoisie
espagnole. J'étais placé près d'un jeune professeur, parlant correcte-
ment le français, avec lequel j'ai pu échanger une conversation ac-
tive et intéressante. Ce professeur enseigne la botanique, et comme il y
a, entre les amateurs d'herbes, certains points de contact tout particu-
liers, nous avons fraternisé avec un abandon complet. Don Juan Ca-
ballos, fort au courant de tout ce qui se fait en France, m'a fait admirer
son érudition.
En sortant de table, don Manuel José de Porto, vice-président de
l'académie nationale de médecine et de chirurgie de Cadix, nous a re-
mis, à M. Orfila et à moi, un diplôme de membre honoraire de cette
compagnie savante; témoignage d'estime accordé spontanément et
dans les termes les plus flatteurs. On voit que nos confrères de Cadix
font bien les choses. Pour achever cette fête, on nous a conduits au
casino de la ville, dont nous avons admiré le local. Nous sommes ren-
trés à l'hôtel un peu fatigués de cette séance gastronomique; la tête
un peu lourde de ces toasts arrosés de vins généreux, et il m'a
fallu quelques heures d'écriture pour rétablir le calme dans ma cir-
culation centrale. La fraîcheur de la nuit, le repos de tous les organes,
ont bientôt ramené cet équilibre que j'aime, et je me suis couché, non
pas précisément pour dormir, mais pour trouver, dans une position
horizontale, les douceurs d'un calme complet. Ma pensée a pris son vol
vers la France, vers Paris; séjour de ceux qui me sont chers, et long-
temps bercé par mes rêves, réveillé de temps en temps par la chanson
monotone du séréno, j'ai senti descendre, sur mon front rafraîchi, des
pensées tendres, trop rares à mon gré.
Le 3 septembre, à huit heures précises du matin, nous étions à bord
du Rapido, bateau à vapeur qui devait nous transporter à Séville. Ce
bateau, qui marche assez bien, a traversé rapidement la baie, et bientôt
nous nous sommes trouvés en face de Rota. Nous avons doublé la
vigoureusement applaudi. M. Orfila a répondu en pur castillan à cette
allocution de son confrère; jamais je ne l'ai vu mieux inspiré. Ajou-
terai-je que j'ai eu ma part de ces politesses; que j'ai dû remercier (en
français) ces messieurs de l'accueil que j'ai reçu, et que ce mutuel
échange de bons procédés avait un caractère de bienveillance cordiale
qui m'a profondément touché? On vante, à bon droit, la courtoisie
espagnole. J'étais placé près d'un jeune professeur, parlant correcte-
ment le français, avec lequel j'ai pu échanger une conversation ac-
tive et intéressante. Ce professeur enseigne la botanique, et comme il y
a, entre les amateurs d'herbes, certains points de contact tout particu-
liers, nous avons fraternisé avec un abandon complet. Don Juan Ca-
ballos, fort au courant de tout ce qui se fait en France, m'a fait admirer
son érudition.
En sortant de table, don Manuel José de Porto, vice-président de
l'académie nationale de médecine et de chirurgie de Cadix, nous a re-
mis, à M. Orfila et à moi, un diplôme de membre honoraire de cette
compagnie savante; témoignage d'estime accordé spontanément et
dans les termes les plus flatteurs. On voit que nos confrères de Cadix
font bien les choses. Pour achever cette fête, on nous a conduits au
casino de la ville, dont nous avons admiré le local. Nous sommes ren-
trés à l'hôtel un peu fatigués de cette séance gastronomique; la tête
un peu lourde de ces toasts arrosés de vins généreux, et il m'a
fallu quelques heures d'écriture pour rétablir le calme dans ma cir-
culation centrale. La fraîcheur de la nuit, le repos de tous les organes,
ont bientôt ramené cet équilibre que j'aime, et je me suis couché, non
pas précisément pour dormir, mais pour trouver, dans une position
horizontale, les douceurs d'un calme complet. Ma pensée a pris son vol
vers la France, vers Paris; séjour de ceux qui me sont chers, et long-
temps bercé par mes rêves, réveillé de temps en temps par la chanson
monotone du séréno, j'ai senti descendre, sur mon front rafraîchi, des
pensées tendres, trop rares à mon gré.
Le 3 septembre, à huit heures précises du matin, nous étions à bord
du Rapido, bateau à vapeur qui devait nous transporter à Séville. Ce
bateau, qui marche assez bien, a traversé rapidement la baie, et bientôt
nous nous sommes trouvés en face de Rota. Nous avons doublé la