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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0616

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332 VOYAGE EN ESPAGNE.
pointe opposée à Cadix, et notre esquif a dirigé sa course vers le nord.
Nous étions en plein Océan. La pointe de terre que nous avons contour-
née est basse : on dirait que tout ce qui se trouve entre le Guadalète et
le Guadalquivir est une immense alluvion de ces cours d'eau.
Toutes mes sympathies étaient acquises au Guadalquivir; je me trou-
vais heureux de voguer sur ses ondes, et je ne demandais pas mieux
que de m'extasier sur la beauté de ses rives. J'avoue que cela ne m'a
pas été possible. Les immenses troupeaux qui paissent sur les bords du
fleuve sont assez sauvages ; la vue de notre bateau leur causait ordinai-
rement une panique. Mon attention s'est portée, avec le plus vif intérêt,
sur un tableau nouveau pour moi. Un quadrupède, je ne sais lequel,
bœuf ou cheval, gisait étendu sur la berge, et quelques corbeaux, par
l'odeur alléchés, se disposaient à faire curée. Tout à coup je les vois s'en-
fuir à l'aspect d'un immense oiseau qui plane lourdement et vient s'a¬
battre sur la bête morte. J'ai très-bien vu cet oiseau presque noir, au
col nu et violacé; c'est le grand vautour brun, tultur cinereus. Sans
prendre garde à nous, il s'est mis à l'œuvre. Bon appétit : je n'avais
jamais vu de vautour en liberté.
Nota. Est-il nécessaire de dire au lecteur que ces fragments empruntés à un journal
voué à l'obscurité modeste de l'état de manuscrit, ne peuvent avoir la correction litté-
raire qu'exige un livre comme celui-ci ? Un style haché, même des phrases jetées dans un
moule uniforme, de simples notes prises en courant au crayon sous l'impression immé-
diate des personnes et des choses, n'ont pour tout mérite que leur exactitude et leur sin-
cérité. Le voyageur, devenu auteur en si bonne compagnie, s'excuse de paraître ainsi en
négligé, et réclame un peu d'indulgence pour son œuvre trop imparfaite.
P. M.
 
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