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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0154

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VOYAGE EN ESPAGNE.

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de Palafox et d'Augustina, la Jeanne d'Are aragonaise. Disons quel-
ques mots des événements prodigieux au milieu desquels toutes ces
gloires se sont produites.
Le 25 mai 1808, Saragosse s'était déclarée contre les Français: un
brigadier des armées espagnoles, don Joseph Palafox, guerrier non
moins intelligent qu'énergique, prit le commandement des insurgés et
s'enferma dans la ville, décidé à la défendre jusqu'à la dernière extré-
mité. On coupa les oliviers, on démolit les maisons des environs de la
ville; on crénela les murailles et les bâtiments pour le feu de la mous-
queterie ; on détacha tous les tendelets de chaque façade, et l'on en fit des
sacs qui furent remplis de sable, puis déposés aux embrasures des bat-
teries; on recueillit le soufre qui se trouvait chez les épiciers; on lava
la terre des rues afin d'en extraire le salpêtre; on fit du charbon avec
des tiges de chanvre, et ce furent des moines qui, sous la direction de
quelques artilleurs, fabriquèrent avec les éléments précités la poudre
dont il y avait pénurie dès le principe; car, le 30 juin, un magasin à
poudre sauta et détruisit une cour presque entière. Les habitants reve-
naient à peine de la consternation où cette catastrophe les avait plon-
gés, lorsque le feu des Français commença. Plus de douze cents bombes,
obus et boulets tombèrent sur la ville, qui ne renfermait pas un seul
édifice à l'épreuve du canon, et où l'idée n'était point venue de con-
struire des blindages.
L'attaque des Français fut dirigée principalement contre le Portillo
et contre un vaste bâtiment carré situé hors des murs, appelé le châ-
teau de l'Inquisition. Palafox avait fait élever une batterie devant le
Portillo. L'épaulement, détruit plusieurs fois, se reconstruisait d'une
manière presque instantanée, sous le feu même de l'ennemi. Le 2 juillet
mit le comble aux horreurs du siége. On vit une jeune femme nommée
Augustina, témoin de quelque hésitation de la part des Espagnols,
s'élancer au milieu des morts et des blessés, arracher une mèche des
mains d'un canonnier expirant, mettre le feu à une pièce de vingt-quatre,
puis, sautant sur le canon, jurer avec solennité de ne le quitter qu'avec la
vie. Piqués d'honneur, les Espagnols reprennent courage et recommen-
cent le feu. D'autres actes d'intrépidité, non moins remarquables, eurent
lieu sur divers points; différentes fois les Français éprouvèrent des
 
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