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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0261

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G A LICE.
le grand dépôt littéraire de la ville. Non loin de Tuy sont des sources
d'eau sulfureuse très-efficace contre les affections de peau et les rhu-
matismes; mais on ne les fréquente point par la difficulté des abords,
aucune route praticable n'allant de Tuy, d'Orense ou de Pontevedra
dans les provinces voisines. Pour toutes ces localités, une seule voie de-
meure ouverte, c'est la voie maritime; mais elle ne sauve d'aucun
des embarras qu'on éprouve dès qu'on s'éloigne du littoral. Ainsi,
pour gagner Astorga, dans l'ancien royaume de Léon, il faut vraiment
une résolution courageuse, et se confier aux chances diverses que vous
offrent les Maragatos.
Les Maragatos forment une petite nation distincte, ayant sa capitale,
Astorga, ses ports privilégiés, Larédo, Ribadeo, Redondela et quel-
ques autres fourmilières où se rendent par milliers ces citoyens no-
mades, pour le transport de la contrebande et pour celui des sardines,
des rougets, des saumons et des aloses, soit frais, soit marinés. Ils
sillonnent tous les chemins, depuis le littoral jusqu'à Madrid, suivis
chacun de douze, quinze, même vingt ânes. C'est la providence ambu-
lante des amateurs de marée, l'escorte du touriste, qui, moyennant
une somme fixée d'avance, peut compter, jusqu'à destination, sur
des procédés honnêtes et délicats.
Le Maragato, dit don Manuel de Cuendias, et nous choisissons le
témoignage d'un auteur espagnol, moins suspect de partialité qu'un
Français; le Maragato est un renard à forme humaine, fort joli garçon
quelquefois, mais très-laid, quand il fait tant que de ne pas être beau.
A l'entendre, il a deux pieds et deux mains comme tout le monde :
nous affirmons, nous, qu'il est monté sur quatre pieds d'âne, attendu
que jamais nous n'avons pu voir un Maragato marcher sur ses jambes.
Quant à ses mains, on les prendrait pour deux serres dès qu'il lui
arrive de toucher de l'argent. Au moral, c'est un chrétien qui res-
semble à un juif, un homme qui possède tout juste assez de probité
pour ne pas se faire envoyer au presidio. Il est grossier comme un
Bérébère quand son intérêt n'exige pas qu'il soit poli comme un Pari-
sien. Mais d'où vient-il donc? de quelle province, de quel district, de
quel village? Interrogez-le... S'il vous le dit sans mentir, nous con-
sentons à perdre notre part de gloire dans ce monde, et le prix de nos
 
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