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LES PYRÉNÉES.
d'inondations soudaines, couvert de neiges pendant six mois, desséché
pendant trois mois par le soleil, exige, pour devenir productif, toute
l'intelligence active des laboureurs indigènes. Ils portent leur culture
jusqu'aux plateaux les plus élevés, sur les pentes les plus déclives; ils
excellent principalement dans la pratique de l'arrosage, et les canaux
qu'ils multiplient secondent, d'une manière très-efficace, leurs travaux.
Ils récoltent des vins très-estimés, des fruits, des légumes de toute
espèce, olives, noix, amandes, avelines, châtaignes, figues, oranges,
citrons, quantité de céréales, du mais, du riz, du lin. Ils tirent de leurs
montagnes du plomb, du cuivre, du fer, du sel, des marbres, de la
chaux, du plâtre, etc., qu'ils savent utiliser; ils possèdent d'immenses
troupeaux, des chevaux et des mulets excellents; ils savent convertir
leur nombreux cours d'eau en agents, en forces motrices pour des ma-
nufactures de papiers, d'étoffes diverses, de draps, de bonneterie, de
rubans, de faïences, de vitrerie, d'armes à feu, et pour des moulins. Ils
distillent quantité d'eaux-de-vie, confectionnent de l'excellent cuir, et
se livrent chaque jour à quelque industrie nouvelle. La population qui
n'est point agricole, ni manufacturière, se livre au cabotage ainsi qu'à la
pèche le long d'un littoral qui, ne possédant pas moins de soixante-
huit lieues d'étendue, et n'ayant pas un bon port, devient d'une res-
source très-considérable pour la petite navigation. Beaucoup de fleuves
et de rivières, l'Èbre, le Ter, le Llobregat, le Francoli, etc., sillonnent
ce littoral, et forment autant d'artères au moyen desquelles se lient entre
elles les vallées principales. Malheureusement, les routes vicinales
qui manquent à la Navarre, à l'Aragon, manquent à la Catalogue. Elle
ne peut facilement exporter ses produits. Dotez-la d'un réseau de che-
mins et vous doublerez, vous triplerez son commerce, dont la prospé-
rité croissante rejaillira sur l'Espagne tout entière. Le pittoresque est
une chose délicieuse : touriste, j'aime les sentiers escarpés, impercep-
tibles où ne se posent que des pieds de chèvres et de mules; j'aime les
ruisseaux solitaires que rien n'arrête dans leurs cours; mais puisque
l'Europe devient industrielle et commerciale, Espagnols, soyez de votre
siècle et redoublez d'efforts pour que votre beau pays gagne en voies
de communication ce qu'il pourra perdre en paysages. Il vous en res-
tera toujours assez.
LES PYRÉNÉES.
d'inondations soudaines, couvert de neiges pendant six mois, desséché
pendant trois mois par le soleil, exige, pour devenir productif, toute
l'intelligence active des laboureurs indigènes. Ils portent leur culture
jusqu'aux plateaux les plus élevés, sur les pentes les plus déclives; ils
excellent principalement dans la pratique de l'arrosage, et les canaux
qu'ils multiplient secondent, d'une manière très-efficace, leurs travaux.
Ils récoltent des vins très-estimés, des fruits, des légumes de toute
espèce, olives, noix, amandes, avelines, châtaignes, figues, oranges,
citrons, quantité de céréales, du mais, du riz, du lin. Ils tirent de leurs
montagnes du plomb, du cuivre, du fer, du sel, des marbres, de la
chaux, du plâtre, etc., qu'ils savent utiliser; ils possèdent d'immenses
troupeaux, des chevaux et des mulets excellents; ils savent convertir
leur nombreux cours d'eau en agents, en forces motrices pour des ma-
nufactures de papiers, d'étoffes diverses, de draps, de bonneterie, de
rubans, de faïences, de vitrerie, d'armes à feu, et pour des moulins. Ils
distillent quantité d'eaux-de-vie, confectionnent de l'excellent cuir, et
se livrent chaque jour à quelque industrie nouvelle. La population qui
n'est point agricole, ni manufacturière, se livre au cabotage ainsi qu'à la
pèche le long d'un littoral qui, ne possédant pas moins de soixante-
huit lieues d'étendue, et n'ayant pas un bon port, devient d'une res-
source très-considérable pour la petite navigation. Beaucoup de fleuves
et de rivières, l'Èbre, le Ter, le Llobregat, le Francoli, etc., sillonnent
ce littoral, et forment autant d'artères au moyen desquelles se lient entre
elles les vallées principales. Malheureusement, les routes vicinales
qui manquent à la Navarre, à l'Aragon, manquent à la Catalogue. Elle
ne peut facilement exporter ses produits. Dotez-la d'un réseau de che-
mins et vous doublerez, vous triplerez son commerce, dont la prospé-
rité croissante rejaillira sur l'Espagne tout entière. Le pittoresque est
une chose délicieuse : touriste, j'aime les sentiers escarpés, impercep-
tibles où ne se posent que des pieds de chèvres et de mules; j'aime les
ruisseaux solitaires que rien n'arrête dans leurs cours; mais puisque
l'Europe devient industrielle et commerciale, Espagnols, soyez de votre
siècle et redoublez d'efforts pour que votre beau pays gagne en voies
de communication ce qu'il pourra perdre en paysages. Il vous en res-
tera toujours assez.