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Busch, Werner [Hrsg.]; Freie Universität Berlin / Kunsthistorisches Institut [Mitarb.]
Geschichte der klassischen Bildgattungen in Quellentexten und Kommentaren: eine Buchreihe (Band 3): Landschaftsmalerei — Berlin: Reimer, 1997

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23. André Félibien
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https://doi.org/10.11588/diglit.65784#0150

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23. Andre Felibien
Entretiens (1685)

Les lumieres et les ombres sont repandues de la meme sorte que la nature les falt
paroitre; il [Poussin] n’affecte point d’en representer de plus grandes, ni de donner
plus de force ou defoiblesse ä ses corps; il sgait l ’art de les faireful'r ou avancer par
des moyens naturels & agreables. Il entendparfaitement l’amitie que les couleurs
ont les unes avec les autres; & quoiqu ’il se serve egalement dans le pres & dans le
loin, de couleurs claires & vives, il les rompt, les affoiblit & les dispose de sorte,
qu ’elles ne se nuisent point les unes aux autres, &font toüjours un bei effet. Je vous
ai parle tant defois de son intelligence a bien faire toutes sortes de palsages, & a les
rendre si plaisans & si naturels, qu ’on peut dire que hors le Titien, on ne voit pas de
Peintre qui en aitfait de comparables aux siens. [...] Il disposoit les terrasses d’une
moniere naturelle, mais bien choisie; donnoit de la fraicheur aux eaux, qu’il
embellissoit des reflets des objets voisins; omoit les campagnes & les colines, de
villes ou de fabriques bien entendues, diminuant les choses les plus eloignees avec
une entente merveilleuse; & pour donner ceprecieux que l ’on voit dans ses ouvrages,
ilfaisoit naitre des accidens de jours & d’ombres par des rencontres de nuages &
par des vapeurs ou des exhalaisons elevees en l ’air, dont il sgavoitparfaitementfaire
les differences de celles du matin & de celles du soir.
Dans quelques-uns de ses tableaux, il a represente des tems calmes & serains; dans
d’autres, des pluyes, des vents, & des orages, comme ceux que vous avez vüs autrefois
chez le Sieur Pointei. Le Poussin les fit en 1651. & dans le meme tems il ecrivit au
Sieur Stella, »qu’il avoitfait pour le Cavalier del Pozzo, un grandpdisage, dans
lequel, lui dit-il, j’ai essaye de representer une tempeste sur terre, imitant le mieux
quej’aipü, l’effetd’unventimpetueux, d’un air remplid’obscurite, depluye, d’eclairs
& defoudres qui tombent en plusieurs endroits, non sans y faire du desordre. Toutes
lesfigures qu ’on y voitjoüent leurpersonnage selon le tems qu ’ilfait; les unesfuyent
au travers de la poussiere, & suivent le vent qui les empörte; d’autres au contraire
vont contre le vent, & marchent avec peine, mettant leurs mains devant leurs yeux.
D ’un cöte un Berger court, & abandonne son troupeau, voyant un Lion, qui, apres
avoir mispar terre certains Bouviers, en attaque d’autres, dont les uns se defendent,
& les autres piquent leurs boeufs, & tächent de se sauver. Dans ce desordre la pous-
siere s’eleve par gros tourbillons. Un chien assez eloigne, aboye & se herisse lepoil,
sans oser approcher. Sur le devant du tableau l’on voit Pirame mort & etendu par
terre, & aupres de lui Tisbe qui s’abandonne ä la douleur.«
[...] accompagncmt sespalsages d’histoires, ou d’actions convenables: comme dans
celui-ci, qui est un tems fächeux, il a trouve un sujet triste & lugubre.
(Andre Felibien, Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellens peintres anciens
et modernes, Bd. 4, Trevoux 1725 (zuerst Paris 1685), S. 158-161)

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