Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Busch, Werner [Hrsg.]; Freie Universität Berlin / Kunsthistorisches Institut [Mitarb.]
Geschichte der klassischen Bildgattungen in Quellentexten und Kommentaren: eine Buchreihe (Band 3): Landschaftsmalerei — Berlin: Reimer, 1997

DOI Kapitel:
49. Émile Zola
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.65784#0303

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
49. Emile Zola
Die Salons (1868,1880)
Mon Salon (1868)
Les Actualistes
Je n ’ai pas a plaider ici la cause des sujets modernes. Cette cause est gagnee depuis
longtemps. Personne n’oseraitsoutenir, apres les oeuvres si remarquables de Manet
et de Courbet, que le temps present n ’est pas digne du pinceau. Nous sommes, Dieu
merci! delivres des Grecs et des Romains, nous avons meme assez dejä du Moyen
Age que le romantisme n ’estpasparvenu ä ressusciter chez nouspendantplus d’un
quartde siede. Et nous nous trouvons enface de la seule realite, nous encourageons
malgre nous nos peintres a nous reproduire sur leurs toiles, tels que nous sommes,
avec nos costumes et nos moeurs. [...]
Les peintres qui aiment leur temps du fand de leur esprit et de leur coeur d’artistes,
entendent autrement les realites. Ils tächent avant tout de penetrer le sens exact des
choses; ils ne se contententpas de trompe-l ’oeil ridicules, ils interpretent leur epoque
en hommes qui la sentent vivre en eux, qui en sontpossedes et qui sont heureux d’en
etre possedes. Leurs oeuvres ne sont pas des gravures de mode banales et
inintelligentes, des dessins d’actualitepareilsä ceuxque lesjoumaux illustrespublient.
Leurs oeuvres sont vivantes, parce qu ’ils les ont prises dans la vie et qu ’ils les ont
peintes avec tout l’amour qu’ils eprouventpour les sujets modernes.
Parmi ces peintres, au premier rang, je citerai Claude Monet. Celui-ld a suce le lait
de notre age, celui-lä a grandi etgrandira encore dans l’adoration de ce qui l’entoure.
II aime les horizons de nos villes, les faches grises et blanches quefant les maisons
sur le ciel clair; il aime, dans les rues, les gens qui courent, affaires, en paletots; il
aime les champs de course, les promenades aristocratiques oü roule le tapage des
voitures; ilaimenosfenimes, leurombrelle, leursgants, leursChiffons, jusqu’a leurs
faux cheveux et leurpoudre de riz, tout ce qui les rendfilles de notre civilisation.
Dans les champs, Claude Monet preferera un parc anglais ä un coin defaret. Il se
plait ä retrouver partout la trace de l’homme, il veut vivre toujours au milieu de
nous. Comme un vrai Parisien, il emmene Paris ä la Campagne, il nepeutpeindre un
paysage sans y mettre des messieurs et des dames en toilette. La nature paraitperdre
de son interetpour lui, des qu’elle neportepas l’empreinte de nos moeurs. [...]
Cette annee, il n ’a eu qu ’un tableau re$u: ‘Navires sortant des jetees du Havre ’. Un
trois-mats emplit la toile, remorque par un vapeur. La coque, noire, monstrueuse,
s’eleve au-dessus de l’eau verdatre; la mer s’enfle et se creuse au premier plan,
fremissant encore sous le heurt de la mässe enorme qui vient de la couper.
Ce quim’a frappe dans cette toile, c’est la franchise, la rudesse meme de la touche.
L’eau est äcre, l ’horizon s ’etend avec äprete; on sent que la haute mer est la, qu ’un

301
 
Annotationen