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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 11.1875

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Tournelle, Adolphe de la: Anet
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22

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Jusqu'à la fin du xvie siècle la terre et le château restent dans la famille de Brézé.
Acquis en 1615 par la duchesse de Mercœur, ils passent aux Vendôme par le mariage
de sa fille, Françoise de Lorraine, avec César de Vendôme, fils naturel de Henri IV et
de Gabrielb d'Estrées. Alors, pendant près de deux siècles, Anet reste dans cette
nouvelle famille, et n'en sortira que pour devenir la propriété d'une autre grande
famille, celle des Penthièvre.

Sous Louis-Joseph de Vendôme, en même temps que la terre d'Anet s'augmentait
de nouveau magnifiquement, le château recevait des modifications profondes : toute
une aile, celle qui seule subsiste aujourd'hui, avait été remaniée pour permettre l'éta-
blissement d'un escalier monumental, conduisant aux grandes salles du premier étage,
où le duc donna au Dauphin de France cette fête magnifique dont Saint-Simon,
Chaulieu, La Fare, nous ont conservé les curieux détails. C'est là, en effet, qu'au
mois de septembre 1686 fut représenté pour la première fois le ballet d'Acis et
Galalëe, de M. de Lully, et que la Cour, désertant un instant Versailles, vint, avec
l'agrément du grand roi, passer à Anet toute une semaine de plaisirs et de divertisse-
ments féeriques. Pourquoi faut-il qu'au souvenir de ces magnificences se mêle celui
d'un vandalisme artistique à jamais regrettable! N'est-ce pas, en effet, ce même
prince qui, sous le triste prétexte d'appeler le jour et la lumière dans ses appartements,
fit enlever toutes ces verrières en grisaille qui décoraient les fenêtres du château et
dont Jean Cousin, sur la demande de Diane, avait donné jadis les dessins aux peintres
verriers travaillant sous ses ordres? Les vitraux de la chapelle, dus au même artiste,
arrachés plus tard par d'autres mains, ont du moins échappé à la destruction; mais
Y Histoire de Joseph et toute cette suite des Métamorphoses d'Ovide, à part quelques
précieux débris dont nous aurons à parler plus loin, sont aujourd'hui à jamais
perdus1.

C'est en 1775 que le duc de Penthièvre, Louis-Jean-Marie de Bourbon, grand
amiral de France, le dernier héritier des fils légitimés de Louis XIV, devient proprié-
taire d'Anet, dont il sera aussi le dernier seigneur. Comme tous ceux de sa race, le
fils du comte de Toulouse combattit vaillamment les ennemis de la France. Il était à
Deltingen et à Fontenoy; mais Anet, son séjour de prédilection, le revit aux jours de
tristesse et d'angoisse et le garda jusqu'en 1793, époque de sa mort.

Il semble que, désormais, c'en est fait et du château et de la terre d'Anet. Vendus
nationalement, ils passent dans des mains diverses pour entrer un instant, en 1820,
dans la famille d'Orléans, qui, à son tour, ne tarde pas à l'aliéner.

Enfin ce qui restait encore de l'ancien domaine, c'est-à-dire le parc et les bâti-
ments qui avaient échappé aux démolitions successives, est acquis en 1840 par
M. le comte de Caraman. La porte d'entrée, à elle seule tout un monument, l'aile gauche
du château réduite de dix-neuf à quatorze fenêtres sur la terrasse, de neuf à huit sur
la cour, un des deux pavillons construits par le duc de Vendôme, voilà, avec la chapelle,
tout ce que le vandalisme révolutionnaire avait laissé debout de la demeure de Diane.
Malgré la solidité des constructions, ces restes précieux menaçaient ruine en plus d'un
endroit : un amour passionné de l'ait, joint à un goût éclairé, allait décider le nouveau
propriétaire à entreprendre tout d'abord les obscurs travaux de consolidation impé-
rieusement nécessaires et l'engager ensuite dans cette intelligente restauration qu'il ne

1. Transportées en partie, par les soins de M. A. Lenoir en 1797, au Musée des ■monuments français, ces
verrières ont disparu à l'époque de la suppression du musée.
 
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