Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 11.1875

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Lefort, Paul: Murillo et ses élèves, [1]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.21840#0042

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
36

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

craint pas de poursuivre l'exécution de sa pensée jusqu'à rendre le tres-
saillement intérieur, jusqu'à traduire la sensation la plus délicatement
raffinée.

Que nous voilà déjà loin de cette foi ascétique et rude, toujours hau-
taine et menaçante, qu'ont exprimée dans leurs ouvrages les Joanès,
les Vargas, les Morales, les Greco, et tant d'autres peintres jusqu'à
Pacheco et jusqu'au farouche Herrera le Vieux, qui remplissent le
xvie siècle ou commencent le xvne : c'est qu'une évolution profonde
dans les pratiques dévotes vient justement de s'accomplir. Sainte
Thérèse de Jésus, le Molinisme et les Pères Jésuites ont déjà conquis et
transformé l'Espagne religieuse. Philippe IV, trois mois avant la nais-
sance de Murillo, a placé solennellement ses royaumes sous l'invocation
d'un nouveau mystère : la Conception sans péché. Autre signe du temps,
Doua Teresa de Gepeday Ahumada, canonisée depuis trois ans sous le nom
de sainte Thérèse de Jésus, dispute à saint Jacques de Compostelle, San-
tiago malamorosl l'honneur du patronat célèste de toutes les Espagnes *.
L'ère des adorations du Sacré-Cœur et des Immaculées Conceptions
commence : Murillo vient au monde; il sera, par excellence, le peintre
de la « dévotion aisée. »

Passée presque tout entière à l'ombre des cloîtres et des églises de
Séville et tout entière employée à peindre, la vie de Murillo n'offre
point de particularités romanesques. Elle fut simple et grave comme
son caractère, aimable et candide comme son talent.

C'est dans une petite maison de la calle de las Tiendas, louée par son
père, pour la durée de deux vies, aux moines du couvent de San Pablo,
que naquit, très-probablement le 31 décembre 1617, Bartolome Esteban
Murillo : en tout cas, il fut baptisé le lendemain, 1er janvier 1618; l'acte
en subsiste sur les registres de la paroisse de la Magdalena. Son père, un
artisan, y est nommé Gaspar Esteban, véritable nom patronymique de
la famille; sa mère s'appelle Maria Perez. Gomment prit-il le nom de
Murillo? Une de ses aïeules paternelles le portait, sa propre tante s'appe-
lait Anna Murillo, et lui-même, dans plusieurs actes authentiques, passés
à diverses époques de sa vie, nomme souvent sa mère Maria Murillo, ou

\. Cette singulière question du Compatronato souleva de grosses querelles, à la
fois religieuses et littéraires, auxquelles prirent part nombre de théologiens et de
beaux esprits : Quevedo, notamment, écrivit un Mémorial, où il prit chaleureusement
la défense de saint Jacques, menacé ou amoindri dans sa légitime possession d'état.
Exaspéré par les réponses de ses adversaires, Quevedo finit par les défier tous en champ
clos. Pacheco, un manuscrit de sa main resté inédit en fait preuve, s'était rangé du
côté de sainte Thérèse.
 
Annotationen