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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 11.1875

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Rioux de Maillou, P.: Les drapeaux français par M. Gustave Desjardins
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https://doi.org/10.11588/diglit.21840#0108

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LES DRAPEAUX FRANÇAIS.

101

M. Desjardins s'appuie sur deux mosaïques du Triclinium de Saint-Jean de
Latran qu'il a rapprochées du passage suivant de la Chanson de Roland :

Gefreid d'Anjou portet l'orie flambe,
Seint Piere fut, si aveit nuni Romaine ;
Mais de Muojoie ilaec out pris eschange.

Il décrit ainsi le drapeau de Charlemagne : « L'étendard est rouge avec six roses
ormées d'un centre d'or, d'un cercle bleu et d'un cercle d'or, et un serais de quatorze
ou seize croisettes d'or. La hampe est terminée par un globe blanc et rouge dans lequel
est plantée une croix ; sous le globe est une houppe bleue, blanche et rouge. » Remar-
quons que ces trois couleurs étaient aussi celles des gonfanons sarrasins.

Nous venons de voir quelles étaient la forme et la couleur de l'oriflamme de
Saint-Denis; occupons-nous maintenant de la bannière de France. Il nous faut
remonter jusqu'au xine siècle pour trouver une description de cette enseigne. Elle
était bleue et ornée de fleurs de lis d'or. Cette bannière se mettait à la proue des
navires, sur les tours des villes soumises à la domination royale; elle flottait dans les
camps au-dessus du quartier du roi ; on la retrouve aussi dans tous les monuments
représentant des cérémonies solennelles. Le bleu et l'or ou blanc, voilà donc les
couleurs de France. Nous verrons les Valois y ajouter le rouge, et ces trois couleurs
se perpétuer sous les Bourbons. Remarquons que les rois, tout en conservant la
bannière de France, ne se privèrent pas de drapeaux à leurs couleurs personnelles.
C'est ainsi que M. Desjardins reiève les enseignes suivantes :

Les gardes de Louis XII portaient à son entrée à Milan un étendard jaune et rouge
avec un porc-épic. L'étendard de Charles VI était rouge, blanc et noir. Les couleurs
de Henri II étaient le noir et le blanc, avec un croissant montant d'argent et les mots:
Donec totum compleat orbem. Henri III avait le jaune et le violet. Pour le drapeau
de Henri IV nous copions textuellement : « tricolore par bandes verticales, rouges,
blanches et bleues. »

Arrivons à un drapeau auquel nous voyons jouer un grand rôle pendant la guerre
de Cent ans : le drapeau rouge à croix blanche. Voici comment M. Desjardins
explique son apparition. Au xve siècle, alors que l'oriflamme n'est plus portée dans
les armées, il se forme sur cette bannière une opinion inexacte, mais que les miniatures
des manuscrits expriment. L'oriflamme est partout et chaque troupe d'aventuriers a la
sienne. Ce drapeau devint le drapeau de la France. Nous avons vu les croisés français
prendre pour marque distinctive la croix rouge. Pendant la guerre de Cent ans, par un
revirement bizarre, ce sont les Anglais qui adoptent ce signe. Les Français prennent
la croix blanche qu'ils mettent sur leur drapeau rouge. Avant la guerre de Cent ans
on ne connaissait pas d'enseigne commune; chaque seigneur, chaque chef de bande,
chaque ville avait la sienne; une fois la paix faite avec les Anglais, la diversité
des drapeaux reprit le dessus.

Je ne dirai que quelques mots sur l'étendard et le pennon. L'étendard, grand
drapeau fendu au milieu, semble n'avoir eu d'autre but que d'indiquer par son
volume l'emplacement occupé par le général.

Le pennon, petite bande d'étoffe terminée en pointe, était porté par les bacheliers.
Quand ils avaient satisfait à certaines obligations et que l'on voulait les élever au grade
de bannerets, on coupait la pointe du pennon qui devenait alors une véritable ban-
nière. Le roi, en guerre, était suivi de l'étendard, de la bannière et d'un pennon.
 
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