Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 11.1875

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Mesnard, Léonce: Lucas Signorelli: Chapelle San-Brizio à Orvieto
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.21840#0113

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
106

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

va-multiplier les représentations destinées tout ensemble à porter le reflet
de terreurs, sinon évanouies, du moins ajournées par un sursis indéter-
miné, et à familiariser les regards avec la perspective incertaine de
ce jour, dont l'échéance n'était plus imminente. Sous des formes sou-
vent étranges, où le grotesque et le terrible préludaient au sublime et
l'annonçaient parfois, les compositions de cet ordre contenaient inva-
riablement un sens moral profond qui en était comme l'âme. Elles répon-
daient à cette pensée d'une réparation future qu'en présence de tant
d'inégalités autrement irrémédiables, proclame le christianisme et que ne
désavoue nulle philosophie élevée.

Les tailleurs de pierres du xne et du xme siècle en firent volontiers
le sujet des sculptures qu'ils plaçaient au frontispice de nos cathédrales,
comme pour provoquer l'attention du passant le plus indifférent qui tra-
versait le parvis sacré. Sous le pinceau des grands artistes italiens qui
appartiennent aux deux siècles suivants, les mêmes images saisissantes
reparaissent, tantôt à l'intérieur de l'église où elles fixent dès l'entrée les
regards des fidèles, tantôt associées de plus près au recueillement intime
du sanctuaire, tantôt enfin, précisant les graves enseignements qui sont
inséparables de l'asile des morts. Les unes et les autres concourent à
former un ensemble imposant où l'on voit figurer Giotto et Orcagna, cha-
cun à deux reprises1, suivis de près par le Siennois Taddeo Bartoli2, et
que devait couronner en pleine Renaissance le chef-d'œuvre écrit par
Michel-Ange sous la dictée du moyen âge, en caractères empruntés aux
temps bibliques 3.

Tout à fait au début du xvie siècle, à cette série déjà riche, s'ajoutent
d'importants travaux exécutés presque simultanément dans une église du
Frioul, à Collalto, et dans une petite ville de l'Italie centrale. Par les uns
commençait à se révéler le futur rival de Titien, Pordenone; par les
autres, dont nous allons dire quelques mots, s'affirmait le précurseur le
plus apparent de Michel-Ange, reprenant, au bout d'un demi-siècle,
l'œuvre entamée par le plus mystique des peintres de Florence.

\. Giotto dans le palais du podestat à Florence et dans la chapelle de l'Arena à
Padoue; Orcagna dans le Campo Santo de Pise et dans la chapelle des Strozzi à l'église
Santa-Maria-Novella de Florence.

2. Dans la cathédrale de la petite ville de San-Gimignano.

3. Avec Michel-Ange, le grand art italien semble avoir épuisé cet ordre de sujets.
Le Paradis de Tintoret y rentre encore, mais pour n'en montrer qu'une seule face.
Si l'on veut retrouver en Italie un vrai Jugement dernier, au delà du xvie siècle, il
faut remonter les vallées qui confinent au Monte Rosa, et faire connaissance avec cette
tribu d'artistes du Val Sesia, qui mérite de figurer, à titre de complément ou d'appen-
dice, dans les annales de la peinture chrétienne.
 
Annotationen