Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 11.1875

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Véron, Eugène: Le musée de Lyon, [2]: les peintres lyonnais
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.21840#0196

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
186

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

majestueux et de grandiose, dont l'impression est vivement ressentie par les étrangers
qui y viennent pour la première fois.

De cette impression que retrouvons-nous dans les œuvres de l'École lyonnaise?

Il suffit de jeter un coup d'œil sur la galerie qui est exclusivement consacrée aux
peintres de Lyon, pour voir que, si quelque chose manque surtout à ceux dont la réu-
nion constitue cette école, ce sont précisément les qualités d'ampleur dans la conception,
de largeur dans le procédé, qui font la grandeur et la majesté des œuvres.

Ce qui les distingue avant tout, c'est la justesse et l'exactitude du détail, c'est le
soin des accessoires, c'est le fini et la finesse de l'exécution, c'est la recherche des
effets ou plutôt des jeux de lumière, c'est l'exagération du relief. La plupart de
leurs œuvres rappellent plus ou moins les procédés du trompe-l'œil. On a surnommé
l'Ecole de Lyon Y École des finisseurs. Si le stéréoscope avait été inventé il y a cin-
quante ans, on aurait pu tout aussi bien l'appeler l'École stéréoscopique.

Il y a là certainement quelques qualités très-précieuses, mais qu'il faut se garder
d'outrer, sous peine de réduire la peinture à n'être plus qu'une variété ou, pour
mieux dire, une exagération de la photographie.

Ce caractère très-saillant de l'École lyonnaise s'explique par des considérations
qui n'ont aucun rapport ni avec le climat ni avec la nature du sol.

Vers le milieu du xviii0 siècle la découverte de procédés nouveaux pour le tissage
des étoffes de soie permit de remplacer l'aiguille à broder par la navette. Au lieu
d'appliquer les dessins sur l'étoffe, après coup, comme on avait fait presque toujours
jnsque-là, par un procédé extrêmement long et coûteux, on trouva le moyen de les
introduire dans le tissu même, et l'on obtint par ce moyen plus rapide et moins dis-
pendieux des produits plus variés et au moins aussi beaux. Alors commença pour la
fabrique lyonnaise une période de splendeur que rien n'égale ni dans les temps qui
précèdent, ni môme dans ceux qui suivent. Il y eut comme un éblouissement. Tout
disparut devant les préoccupations industrielles. On appela de tous côtés des dessina-
teurs pour la soierie. Tout ce qui à Lyon savait tenir un crayon se mit à chercher des
motifs d'ornementation pour ces magnifiques étoffes qui ont porté si haut la renommée
de l'industrie locale. Les peintres proprement dits disparaissent dans l'obscurité. Tré-
molière, Sarrabat, Bidault sont à peine connus. Nonnotte, Cogell n'ont d'importance
que parce qu'ils dirigent l'école qui a été fondée tout exprès pour faire des dessina-
teurs de fabrique. Et, en effet, les vrais artistes lyonnais de cette époque sont Pillement,
Jean Revel, Philippe de la Salle, Douait, Picard, Bournes, Dechazelles, Bony, dont le
talent s'emploie presque exclusivement à faire des dessins pour l'ornementation des
« grands façonnés » lyonnais, et dont plusieurs mêmes sont fabricants en même temps
que dessinateurs.

C'est sous l'empire de cette préoccupation que vers 1755 se fonde « l'École acadé-
mique de dessin ». Il s'agit surtout de répondre aux besoins de l'industrie locale et
d'en assurer l'avenir. Les fondateurs déclarent hautement que leur but est avant tout
de former des hommes capables de soutenir et de développer la prospérité et la gloire
des « manufactures lyonnaises », comme on disait alors, en « perfectionnant la fabrica-
tion et l'ornementation des étoffes de soie ».

Le 27 juillet 1780 le roi accorde à la ville l'autorisation d'ouvrir des cours de des-
sin gratuits, et le conseil d'État fixe la somme nécessaire « en vue du progrès des arts
et des manufactures de Lyon ». Le décretde Varsovie, du 25 janvier 1807, qui achève
de constituer l'École des beaux-arts de Lyon sur les bases où elle subsiste encore
 
Annotationen