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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 11.1875

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Nr. 2
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Ménard, René: Clodion
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https://doi.org/10.11588/diglit.21840#0206

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196

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

en faveur, avant l'époque où il fut agréé à l'Académie {4773). Ils avaient également
pris place dans les cabinets les plus renommés, car à la vente du célèbre amateur
Jullienne, en 4767, nous trouvons deux terres cuites de lui. Le fameux expert Lebrun,
dont les décisions font encore autorité, et Mariette, le plus fin connaisseur peut-être
qu'il y ait jamais eu en France, possédaient aussi des ouvrages de Clodion. Le catalogue
de la vente de Mariette ajoute même cette phrase significative : « Il règne dans les
ouvrages de ce jeune artiste une correction de dessin supérieure et une touche pleine
de feu et d'esprit. » Notons en passant que Mariette est un des hommes que l'art des
anciens a le plus passionné; mais à côté des immortels chefs-d'œuvre de la statuaire,
il savait reconnaître le charme et la vie que les artistes grecs mettaient dans leurs
terres cuites et dans leurs petits ouvrages. Or c'est précisément ce côté de l'art des
anciens que Clodion avait étudié, et, en en donnant la traduction dans son langage gau-
lois, il a prouvé une fois de plus que l'étude du passé n'altère en rien l'originalité
native. Il a fallu l'exclusivisme pédant de nos théoriciens du grand art, pour faire croire
à notre génération que l'antiquité était froide et guindée, et pour détourner nos jeunes
artistes d'études qui devraient les passionner. Espérons qu'un jour on reconnaîtra que,
si la statuaire monumentale obéit dans une certaine mesure aux lois de l'architecture
dont elle dérive, les statuettes et les terres cuites, comme tout ce qui est portatif, ont
toujours conservé dans l'art antique la liberté d'allure qui est leur essence et que là
encore les anciens sont nos maîtres.

Cette raideur voulue, qu'au commencement du siècle on appelait rigidité, a du
moins produit de grandes œuvres en peinture, et Louis David, qui en est en quelque
sorte le patron, demeurera comme un grand maître. Mais elle a été funeste à la sta-
tuaire, qui demande avant tout la souplesse et la grâce : Clodion a été une de ses
victimes, et les grands ouvrages de sa vieillesse prouvent, en même temps que le
déclin de son talent, l'influence du goût régnant. Bien que le Groupe du déluge ait
été signalé par la critique du temps comme le meilleur ouvrage de l'artiste, nous ne
retrouvons pas là, ni dans l'Hercule en repos, ni dans Y Entrée des Français à Munich,
bas-relief commandé pour l'arc de triomphe du Carrousel, les qualités de verve et
d'esprit qui assignent à Clodion une place à part dans l'école française. C'est clans les
petits sujets exécutés librement, dans la Toilelle de Vénus, dans les bacchantes et les
satyres, dans les jeunes filles jouant avec des tourterelles et dans ses adorables petits
groupes d'enfants, qu'il faut apprécier Clodion. C'est avant tout un charmant déco-
rateur, qui a le plus souvent appliqué son talent à des vases, à des pendules, à des
petites statuettes destinées à être placées comme pendants sur des socles ou sur une
cheminée. Il a môme décoré des maisons, et notre collaborateur, M. Ch. Cournault, en
signale une à Nancy, la patrie de l'artiste. « On doit aussi admirer, dit-il, une maison
de la rue Saint-Dizier, 22, dont les bas-reliefs et l'élégante ornementation sont de
Clodion. Cette habitation fut construite pour un riche fabricant d'outils en fer dont
l'habde artiste rappela les travaux et le genre de commerce dans une suite de bas-
reliefs et de trophées agencés avec une originalité piquante. 11 n'est probablement pas
d ouvrages de Clodion qui présente un développement aussi considérable1. »

Clodion est mort à !â Sorbonne en 1814; sa vie d'artiste est comme divisée en deux
parties. Il avait exposé en -1773, 1779 et 1783, puis il expose de nouveau en 1801,
1806 et 1810. On voit par un acte du 13 pluviôse, an II (1er février 1794), qu'il avait

1. Gazelle des Beaux-Arts, février 187-4, page 198.
 
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