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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 11.1875

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Nr. 3
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Mantz, Paul: Charles Gleyre, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21840#0246

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

en ses moindres détails, lui semblait encore inachevé. Toutes les délica-
tesses d'un esprit d'élite se révélaient d'ailleurs dans sa parole intel-
ligente et sobre. Au sortir de cette entrevue, Gleyre me laissa l'impression
d'un homme instruit, sympathique, austère et vaguement attristé.

Mais, je le répète, il faut réserver à ceux qui sont entrés dans l'inti-
mité de Gleyre le soin cle nous le raconter avec cette compétence que
peuvent seuls donner les longs souvenirs et les vieilles amitiés. Je ne sais
de cette vie laborieuse que ce qu'en peut savoir un passant ; je ne connais
des œuvres du peintre que celles qui ont été exposées à Paris et celles,
plus récentes et plus significatives, qu'on a réunies à Lausanne au mois
de septembre dernier. C'est quelque chose, ce n'est pas tout, et je risque
fort de faire un portrait par à peu près. Ce sera, dans tous les cas, une
étude provisoire et comme une épreuve d'essai. Le lecteur me pardonnera
de ne pas savoir ce qui est resté voilé et il aura quelque indulgence pour
une chronologie çà et là un peu flottante.

Charles-Gabriel Gleyre est né à Chevilly en 1807. Chevilly est dans le
canton de Vaud. On sait que si la Suisse du nord regarde volontiers du
côté de l'Allemagne, si les habitants du Tessin se tournent vers la plaine
lombarde, les artistes de Neuchâtel, de Genève, de Lausanne pensent
instinctivement à la France. Cette tendance s'était manifestée au
xvme siècle; elle a survécu à la Révolution, elle dure encore. Saint-Ours
a remporté à notre Académie le grand prix de peinture, Léopold Robert a
été des nôtres, Pradier est devenu un sculpteur parisien, Van Muyden
était l'habitué de nos Salons annuels. De ce côté de la Suisse, il n'y a
pas de frontière.

Gleyre suivit la pente accoutumée : après un court séjour à Lyon, où
il commença l'étude du dessin, il vint fort jeune à Paris et il entra
en 1824 dans l'atelier d'Hersent. Il ne lui eût pas été difficile de choisir
un meilleur maître. Hersent était un artiste modéré, tout plein de ces
sagesses prudentes qui ressemblent à de l'impuissance. Son Gustave Wasa,
brûlé en 1848 au Palais-Royal, a toujours passé pour une œuvre théâ-
trale et froide; dans ses portraits, que la Restauration estima, il mon-
trait un soin excessif, une grande propreté de pinceau. Gleyre a pu
apprendre chez lui quelques-uns des secrets du métier; mais Hersent ne
lui arien dit de l'art entendu dans sa haute portée et dans ses caractères
essentiels. Le jeune artiste le sentit fort bien et, vers 1828, il alla de-
mander aux grands maîtres de l'Italie ce que son timide professeur ne
lui avait pas enseigné.

C'est ici qu'il faudrait pouvoir entrer dans l'intimité du peintre et
apprendre par la lecture de sa correspondance, par le dépouillement de
 
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