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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 11.1875

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Nr. 3
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Blanc, Charles: De la forme des vases, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21840#0258

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Et cette corrélation de la céramique avec la figure humaine est si
vraie, qu'elle est manifestée jusqu'à l'évidence par le langage. Les termes
qui désignent les divers membres du vase : les lèvres, le col, le collier,
les oreilles, les épaules, les flancs, la pause, le pied, disent assez que
cette grande analogie des créations de l'homme artiste avec la figure
humaine a toujours été présente à l'esprit des peuples qui ont inventé
les perfectionnements de la céramique et en ont créé la langue.

On peut donc, en se rattachant à cette analogie, établir quelques
principes touchant la forme d'abord et ensuite le décor des vases.

II.

La première condition de la forme céramique est d'avoir un sens bien
accusé ou, si l'on veut, une dimension dominante. Le corps humain est
une figure dont la largeur est contenue cinq fois dans la hauteur.
A l'exception des rayonnés, les animaux sont tous plus longs que larges
comme les quadrupèdes, ou plus larges que longs comme certains pois-
sons, ou bien ils sont développés en épaisseur, comme les éléphants,
mais toujours leurs corps ont une direction remarquable, un sens pro-
noncé. Le carré en plan et le cube en élévation, faute d'avoir un sens,
sont des configurations ingrates qui ne se trouvent, dans les créa-
tions de la nature, qu'au sein du règne minéral, et qui ne sauraient
paraître dans les ouvrages de l'homme que pour y introduire excep-
tionnellement cette aigreur de la dissonance qui contribue à l'harmonie.

Tout produit céramique, à moins d'être rond, doit avoir une dimen-
sion dominante, et il y a une raison esthétique pour qu'il en soit ainsi ;
c'est qu'il n'est pas possible de mettre du sentiment dans une œuvre
d'art sans y montrer une sorte de partialité pour telle forme, telle
lumière, telle couleur.

Par un nouveau trait de ressemblance avec l'architecture, la céra-
mique a ses trois ordres, auxquels on peut ramener les variétés sans
nombre qui distinguent ses ouvrages. Un vase qui n'est pas soumis à
des conditions d'utilité et qui a été conçu pour être beau, affectera
infailliblement ou une simplicité fière et forte — l'accent dorique, — ou
une délicatesse gracieuse — le caractère ionique, — ou un air de
richesse et de magnificence — le mode corinthien.

Toutes les nuances de la volonté, toutes les variantes du goût et
même de la fantaisie pourront trouver place dans les intervalles qui
séparent ces trois ordres, en se rapprochant plus ou moins de l'un, en

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