Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 11.1875

DOI issue:
Nr. 4
DOI article:
Lefort, Paul: Murillo et ses élèves, [3]
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.21840#0342

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
328

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

particulièrement l'homme à genoux, sont saisissants de vérité comme la
nature elle-même, et quant aux colorations, Murillo n'a certainement rien
peint de plus fort, de mieux contrasté et pourtant de plus harmonieux;
nous comprenons la prédilection du maître pour le Saint Thomas de
Villanueva1. Une autre toile d'une intensité de sentiment dépassant
encore de beaucoup ce que nous avons rencontré jusqu'ici de plus expres-
sif dans l'œuvre de l'artiste, c'est le Saint François au pied de la croix.
Mais toute description serait ici superflue, puisque l'eau-forte de Fla-
meng, jointe à cet article, reproduit dans son interprétation serrée ce
que cette composition offre d'énergique et de grandiose. Murillo n'a
peint qu'une fois cet abandon complet, cette humilité profonde, cette
absolue adoration qu'exprime le Saint François. Le geste de l'embras-
sement du Christ, coulé d'un jet, vivant, protège et caresse en même
temps. .Au reste, tout clans cette œuvre est magistral : modelé, dessin,
coloration, clair-obscur, et il n'est pas jusqu'à cette pâle lueur, trouant les
ténèbres et les vagues obscurités des fonds qui ne jette sur cette scène
étrange, vision symbolique des destinées promises à l'ordre des fran-
ciscains, quelque chose de mystérieux et d'apocalyptique.

Pour clore cet inventaire des richesses, en Murillo, du couvent des
Capucins, il nous reste à mentionner un Saint Michel et un Ange gar-
dien placés autrefois de chaque côté de la porte du chœur. L'Ange gar-
dien est à présent à la cathédrale de Séville. Nous ne .pouvons passer
sous silence la Vierge à la serviette, morceau d'une célébrité qui ne
s'explique guère que par l'étrangeté du choix des modèles, d'un type
plutôt moresque qu'espagnol, aux yeux démesurément agrandis, et
dont les iris d'un noir profond ont une fixité inquiétante et presque
farouche.

La légende veut que cette vierge ait été peinte sur une serviette de
table et offerte en don au frère portier pendant le séjour que fit l'ar-
tiste au couvent des Capucins.

Dans un Laps de dix années, de 1670 à 1680, Murillo avait terminé,
indépendamment de tant d'autres ouvrages épars un peu partout aujour-
d'hui dans le monde, ces deux importantes décorations de l'hôpital de la
Charité et du couvent des Capucins. « Admirables l'une et l'autre, —
écrit excellemment M. Antoine de Latour dans ses Études sur l'Espagne

1. La galerie espagnole du roi Louis-Philippe a possédé une esquisse de ce même
sujet, mais traité d'une manière différente. Cette esquisse, d'un coloris puissant et du
plus vigoureux effet, a passé en Angleterre. Un autre Saint-Thomas, provenant des
franciscains à Gènes, a figuré à Manchester à l'Exposition des Trésors de l'Art.
 
Annotationen