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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 11.1875

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Nr. 4
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Fol, Walther: Fortuny, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21840#0365

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FORTUN Y.

351

leures. Cherche à finir davantage tes tableaux, car tu sais bien que les amateurs de
Paris regardent les tableaux de près.

Je regrette que tu ne connaisses pas Grenade, c'est un pays très-beau; figure-toi
la villa Borghèse sur le sommet d'une montagne entourée d'antiques tours mauresques
et au centre le plus beau palais arabe qu'on puisse rêver, d'un luxe et d'une richesse
d'ornement tels que les parois paraissent couvertes de dentelles et d'étoffes de la plus
grande richesse. On n'y sent pas la chaleur, on y mange bien et on y vit avec une
liberté telle qu'on paraît y être le maître. Je pense rester ici jusqu'à la fin de septembre
et ensuite aller à Séville et au Maroc. Regnault et Clairin y sont établis et travaillent.

En fait d'antiquités on trouve encore maintes choses. J'ai beaucoup d'armes, mais
elles sont dans des caisses à Paris, je les enverrai plus tard à Rome ; si je réussis,
j'aurai la pièce de majolique la plus belle du monde.

Corvisieri a-t-il quelque chose d'intéressant? Fais-lui mes amitiés. Travaille ferme,
et pour te marier tu auras toujours le temps.

Bien des saluts à Tapiro, Lucio, etc. Dis-moi comment on se trouve à Rome, et s'il
est possible d'y vivre avec plus de gaieté qu'autrefois; j'ai bien peur de m'y ennuyer à
mon retour. Écris-moi plus souvent. Ton ami à toujours.

Foiitïïnï.

Granada, fonda de los siete suelos.

1] habitait à Grenade un ancien palais mauresque, dont les fenêtres
donnaient sur une cour carrée et irrégulière, entourée de seize colonnes
et au milieu de laquelle se trouvait une fontaine aux fines arabesques;
des touffes d'arbres, des plantes luxuriantes, des fleurs aux vives couleurs,
complétaient le tableau. C'est là que, sous une toile tendue dans un angle
de la cour, il peignait. Sous les portiques qui entouraient la cour, étaient
appendues ses études, faites pour la plupart à l'Alhambra, et qu'il comp-
tait utiliser plus tard. Il s'occupait peu de la politique et n'en dit que
quelques mots en passant; mais ces aperçus font voir la justesse naturelle
de son esprit. Qu'on en juge par les deux lettres suivantes, écrites le
même jour.

Grenade, le 18 octobre 1870.

Très-cher Attilio,

J'ai reçu ta dernière lettre et je te remercie beaucoup vraiment, pour le soin que tu
as eu de rassembler et de mettre en lieu sûr les armes que j'avais à mon atelier1. Je
t'en suis reconnaissant et tu as agi en véritable ami. Je suis très-content également de
la transformation du gouvernement de pontifical en italien; mais cependant je ne puis
comprendre l'avantage qu'en retireront les Romains, et j'ai grand'peur que Rome ne
devienne la terre promise de ceux qui veulent vivre aux frais du pays comme cela
arrive à Madrid. Espérons qu'il n'en sera pas ainsi, que le séjour en deviendra pour
nous plus heureux et que nous n'aurons à combattre que contre les commérages.

1. C'est à propos de l'entrée des Italiens dans Rome, le 20 septembre 1870, que les armes furent retirées
à tous ceux qui en possédaient.
 
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