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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 11.1875

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Nr. 5
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Mantz, Paul: Charles Gleyre, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21840#0420

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CHARLES GLEYRE.

l'atelier de Gleyre. « La Pentecôte qu'il achève pour l'église de Sainte-
Marguerite, disait le critique, est un encouragement au-dessous de son
talent. » Gleyre n'en jugeait pas ainsi. Il apporta à ce travail une con-
science infinie. Le tableau étant placé à contre-jour dans la petite église
du faubourg Saint-Antoine, on en devine à peine l'arrangement et la colo-
ration. C'est une composition rigoureusement symétrique. La Vierge,
vêtue d'une robe bleue, est assise sur un trône. Au-dessus de sa tète, le
Saint-Esprit apparaît dans une gloire. Autour de la Vierge se rangent les
Apôtres, les uns debout, les autres agenouillés. Les premiers plans sont
voilés d'une teinte un peu sombre, la lumière se concentrant sur les
figures. Il y a clans le groupe des Apôtres quelques têtes heureuses ;
toutefois le caractère de l'œuvre reste indécis : on y devine un contem-
porain d'Hippolyte Flandrin, un ami de Sébastien Cornu. Ce n'est pas
avec cette composition systématiquement tranquillisée que Gleyre aurait
ému les visiteurs d'une exposition publique.

Mais comment croire qu'un tableau tel que la Bataille du Léman,
aujourd'hui au musée de Lausanne, n'eût pas produit un certain effet, s'il
avait été exposé dans le grand salon des Champs-Elysées? Dans le domaine
de l'histoire, c'est l'œuvre capitale de Gleyre. Il y travailla pendant des
années, et il ne s'en sépara qu'avec inquiétude, croyant n'avoir pas tout
dit. Cette vaste composition, dont Edouard Girardet nous a donné la gra-
vure, était terminée en 1858l. Le sujet en est emprunté aux lointaines
annales du pays qui devait devenir la Suisse. Une armée romaine, com-
mandée par Lucius Cassius, avait passé les Alpes. Les Tigurins, sous les
ordres de Divicon, lui infligèrent une sanglante défaite. Cassius et son
lieutenant furent décapités, et les Romains se virent contraints de passer
sous le joug au milieu des ricanements des vainqueurs et de leur ivresse
triomphante. Au premier plan, Gleyre a planté sur des piques les têtes
sinistres des deux capitaines ennemis : le reste de l'armée défile lugubre-
ment, le clos courbé, le visage assombri, la rage au cœur, entre les files
des Tigurins, et à droite, sur le devant de la scène, des enfants, pris
d'une joie folle, dansent gaiement en insultant à l'humiliation des vaincus.
C'est une composition savamment équilibrée et abondamment meublée
d'épisodes intéressants. Pour toutes ces choses qui tiennent à l'ingéniosité
de l'esprit, aux inventions heureuses du sens littéraire, Gleyre est un
artiste d'un ordre élevé, une nature essentiellement fine et choisie.
Comme dans la plupart de ses œuvres, l'effet général est un peu froid,
on dirait volontiers silencieux. On sent l'immensité de l'effort et une

1. W. Reymond, la Peinture alpestre, Genève, t8B8; p. 49.
 
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