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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 11.1875

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Nr. 5
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Duplessis, Georges: Les eaux-fortes de Rembrandt
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https://doi.org/10.11588/diglit.21840#0494

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478

GAZETTE DES BEAUX-A RTS.

volontiers aller à rechercher les estampes produites par telle ou telle
école, nées à telle ou telle époque, s'il est véritablement éclairé, s'il
possède un réel sentiment cle l'art, il ne tardera pas à reconnaître que
Rembrandt est un des plus grands maîtres que l'art de la gravure ait pro-
duits

Rembrandt, en effet, excella dans tous les genres, imprima la marque
du génie à toutes les œuvres signées de son nom, et si, dans l'ensemble
de ses productions, on s'en tient uniquement aux estampes qu'il grava,
il est possible de passer en revue les genres les plus divers, depuis les
sujets épiques jusqu'aux compositions intimes, depuis la représentation
individuelle de la figure humaine jusqu'à la fidèle image de la nature
inanimée. Aucun graveur, avant Rembrandt, n'avait su fixer sur le cuivre
avec le seul secours de la pointe, des compositions d'un aspect aussi im-
posant et d'un effet aussi saisissant que la Résurrection de Lazare ou
Jésus-Christ guérissant les malades. Ces estampes, choisies à dessein par
nous au milieu d'un nombre considérable de pièces du même genre gra-
vées par Rembrandt, ont la valeur de peintures achevées et parfaites.
Lorsqu'il s'agit d'œuvres de cet ordre, les moyens employés comptent
peu, les dimensions disparaissent; cle même que dans l'ensemble des
productions de Raphaël, la Vision d'Ézéchiel occupe un rang égal à la
Messe de Bolséne ou à la Dispute du Saint Sacrement, de môme, dans
l'œuvre de Rembrandt, la Résurrection de Lazare peut aller de pair avec
la Ronde de nuit ou la Leçon d'anatomie. Le génie ne se mesure pas à la
toise; pour se manifester tous les moyens sont bons, et une planche de
cuivre et une pointe d'acier sont pour un grand maître des agents aussi
sûrs qu'une toile et que des pinceaux.

Lorsque, directement aux prises avec la nature, Rembrandt s'exerce
à graver soit son propre portrait, soit le portrait de quelqu'un de ses
contemporains, il met à cette besogne un art si personnel et en même
temps si parfaitqu'on demeure surpris qu'une main quelque habile qu'elle
soit ait pu aussi complètement rendre la physionomie humaine sous son
jour le plus favorable, sous son aspect le plus naturel et le plus vrai. La
plupart des personnages qui ont posé devant Rembrandt, Jean Lutma, le
bourgmestre Six, l'avocat Tolling, Clément cle Jonghe et Coppenol,
n'occupent pas dans l'histoire un rang assez important pour que leurs
traits aient intéressé vivement la postérité, s'ils n'avaient été reproduits
par un maître ; ils sont devenus immortels parce qu'un artiste, en les
prenant pour modèles, a épuisé sur leur image toutes les ressources de
l'art, a animé du souffle de la vie ces physionomies intelligentes, et a
élevé au rang de chefs-d'œuvre indépendants ces portraits qui demeu-
 
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