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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 11.1875

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Nr. 6
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Rayet, Olivier: Les figurines de Tanagra au Musée du Louvre, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21840#0578

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558

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

femmes voilées ou simplement tristement penchées, avec Déméter dou-
loureuse (AvipiV/ip kjcdz), parcourant le monde à la recherche de sa
fille. Mais là encore est-il bien sûr de ne pas prêter à nombre de ces sta-
tuettes une expression à laquelle le potier qui les a faites n'avait jamais
songé? Le voile d'ailleurs est-il un symbole caractéristique? Sans doute,
l'admirable Déméter de Cnide, trouvée par M. Newton et conservée
au Btïtish-Museum, est voilée. Mais elle l'est parce qu'en qualité de
déesse mère, elle porte le costume des femmes mariées; or celles-ci
ne sortaient jamais sans recouvrir leurs cheveux d'un voile. Le voile est
aussi, par un sentiment bien facile à comprendre, l'attribut du deuil. A
ce titre, sur les stèles athéniennes qui représentent les derniers adieux, la
morte ou les parentes du mort sont toujours représentées voilées. M. Heu-
zey voit-il là des Déméter ? en voit-il une clans la femme assise de l'ad-
mirable lékythos de M. Piot?

Que les lecteurs de la Gazette jettent d'ailleurs un regard sur les
quatre vitrines du Louvre où sont exposées les figurines de Tanagra. —
En ces matières délicates, l'impression instinctive causée par la vue des
monuments est chose dont il ne faut pas faire fi : elle a souvent plus
d'autorité que le raisonnement le plus ingénieux. Or, cette impression
n'est pas douteuse. L'art grec, je le demande, a-t-il jamais si leste-
ment troussé les dieux! et ces statuettes si prestes d'allure, si coquettes
d'ajustement, si familières et si pimpantes d'aspect ne sont-elles pas
bien plutôt tout simplement des personnages de ce bas monde, des
types empruntés à la vie de tous les jours? Là est à mes yeux le grand
intérêt de ces œuvres, hâtivement faites parfois, modelées toujours
avec le sentiment le plus sincère et le plus fin cle la réalité des choses.
Elles nous font pénétrer plus avant que tous les marbres ne sau-
raient le faire clans l'existence intime des anciens Grecs. Grâce à elles,
les contemporains d'Alexandre ressuscitent un moment sous nosyeux;
regardons-les passer devant nous, non pas tels que les idéalisait le mar-
bre, mais tels qu'ils se montraient clans la rue ou à la maison, avec
leurs vrais costumes, leurs mouvements ordinaires, leurs attitudes et

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leurs gestes typiques.

o. RAYET.

(La fin procliainement.)
 
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