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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 15.1877

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Nr. 2
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Gueullette, Charles: La collection de M. H. de Greffulhe, [1]: les cabinets d'amateurs à Paris
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https://doi.org/10.11588/diglit.21844#0178

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170

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

logne, à Venise, à Saint-Pétersbourg, en Angleterre, en Hollande, en
Suisse, etc., elle n’abandonna nulle part sa palette et nous lui voyons
successivement reproduire les rois, les grands seigneurs, les artistes en
vogue, les principaux membres de sa famille et souvent ses propres
traits. C’est même ainsi que nous la rencontrons dans la galerie de
M. de Greffulhe. Mme Lebrun y est peinte à l’âge de vingt-deux ans,
en 1776, de face et à mi-corps. Un grand chapeau rond, surmonté d’une
plume noire renversée en avant, couvre sa tête. Un nœud rose attache sa
collerette ; une ceinture de même couleur orne- sa robe blanche. L’artiste
porte un petit manteau noir qui glisse sur le bras droit et recouvre, au con-
traire, l’épaule gauche. A voir ce costume élégant dans sa simplicité on
devine que le peintre et la femme se sont consultés pour en former l’agen-
cement. Mais ce qui nous plaît avant tout c’est ce délicieux visage encadré
par de beaux cheveux poudrés qui retombent en boucles naturelles sur les
épaules. Le personnage y apparaît dans tout l’éclat et dans toute la fraî-
cheur de son printemps. Ses grands yeux bruns expriment les étonne-
ments ingénus delà jeunesse; sa petite bouche, légèrement entr’ouverte,
est tout à la fois naïve et piquante, le cou est d’une souplesse, d’un
modelé exquis et les teintes rosées qui animent les joues fines et trans-
parentes leur prêtent une angélique candeur. On dirait, à contempler
cette image, une jeune fille idéale sortie de l'imagination d’un poète.
Ajoutons que, dans cette composition, Mrae Vigée Lebrun a trouvé la
grâce sans mièvrerie, le charme de la couleur sans ce vague ni cette
mollesse de touche qui deviennent quelquefois les écueils de son talent.

Me voici parvenu au dernier tableau de la collection. Un portrait
peint par Greuze et provenant, comme le précédent, du cabinet de
M. Jacques Reiset, vendu en avril 1870. Il nous offre les traits de l’une
des plus jolies femmes du xvme siècle et figure, gravé, dans la Galerie
des Daines françaises (1790).

Deux fois mariée, sans parler des faveurs dont l’honora Louis XV, la
marquise de Champcenetz se fit autant remarquer par les grâces de sa
personne que par son caractère hautain. C’est cependant elle qui refusa,
pour les donner aux pauvres de Paris, les 200,000 francs dont son royal
amant voulut lui faire présent. Tante du célèbre chevalier de Champce-
netz, la marquise quitta la France en 1791 et se retira en Espagne, d’où
elle écrivit à son neveu de venir la rejoindre. Mais le savant bibliophile
préféra demeurer avec ses livres et paya de la vie son imprudence
en 179Zi.

Maintenant que nous connaissons le modèle, disons quelques mots
de l’image. Mme de Champcenetz, représentée à mi-corps, a de jolis yeux
 
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