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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 15.1877

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Nr. 4
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Lefort, Paul: Ventes a l'Hotel Drouot
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https://doi.org/10.11588/diglit.21844#0421

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406

GAZETTE DES BEAUX-ARTS;

l’impression de l’objet indiqué et qu’au besoin il le détaille et l’analyse.
Ce portrait est tout bonnement un morceau de roi, un de ces rares chefs-
d’œuvre qui permettent de dire de Velâzquez qu’il est, après Dieu, le
plus parfait des réalistes.

Après un tel ouvrage, il est bien difficile de parler comme il le fau-
drait d’une autre attrayante effigie d’une des plus grandes dames de la
cour de Philippe IV. C’est également une peinture étonnante de hardiesse,
bien qu’à notre avis ce ne soit qu’une peinture d’école. Mous sommes
devant le portrait de la fille aînée de don Louis de Haro, premier mi-
nistre de Philippe IV. Elle est, de son nom, Dona Auto nia de Haro y
Guzman Cardona y Aragon, et elle a épousé le comte de Niebla, l’aîné
des fils du duc de Médina Sidonia. Les d’Albe ont hérité ce portrait des
Médina Sidonia. Dona Antonia est brune, comme une charmante Anda-
louse qu’elle est; sa physionomie est aimable; le nez, droit, est délicat, la
bouche charmante, les yeux sont pleins de feu; selon la mode du temps,
ses joues sont trop fardées, — on mettait du fard, prétend Mn,e d’Aulnoy,
aux joues et aux épaules des statues de femmes —. Ses cheveux un peu
emmêlés, bien que leurs longues boucles soient contenues par un coquet
échafaudage de nœuds de rubans couleur de feu, s’échappent d’un cha-
peau à retroussis rose, tout couvert de plumes blanches. Dona Antonia
est une chasseresse, car elle a voulu être représentée tenant à la main
son escopette de chasse. Peut-être que ce jour-là elle accompagne le
roi à l’une de ces battues au Sitio del Pardo} qu’a si souvent peintes
Velâzquez. Le costume, véritable trage de campo, est ravissamment écrit
et vaut qu’on le souligne. C’est un document historique. Il y a d’abord
le corps de la robe, corps ajusté, s’ouvrant en tunique longue sur une
jupe de dessous d’un beau rouge de Chine franc et clair; cette jupe est
toute garnie au bas de sept larges rangs de dentelles d’argent. Une
seconde tunique, à plis droits, sans manches, s’attachant aux épaules,
laisse voir, sous ses larges retroussis roses, les détails de la tunique
intérieure et s’arrête à mi-corps. De larges manches bouffantes, de fine
batiste, ruchées et galonnées de rubans roses et de dentelles d’argent
posés en longueur, viennent se fermer aux poignets en une double man-
chette évasée. Un riche bijou d’or, enchâssant un émail de couleur,
attache une large berthe de précieuses dentelles.

Tout ce piquant ensemble de rouge et de blanc s’enlevant sur le
fond clair de la pleine campagne, est d’un étourdissant aspect : au pre-
mier coup, cela surprend comme une note trop vive, mais retient bientôt
et séduit. Et quand nous aurons dit que l’exécution de ce portrait, —
dont la Gazette donne une spirituelle eau-forte de M. Lalauze, — est de
 
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