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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 1
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Mantz, Paul: Rubens, 9
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0041

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

extraordinairement passionnée pour supplier l’infante de prescrire au
bourgmestre et à ses agents de protéger Rubens contre les dangers qui
menaçaient son existence ou son repos i. Cette pièce, fort bizarre par le
style, pourrait faire sourire. Elle est touchante : elle prouve que Rubens
était adoré.

Malgré ces alertes, le grand maître continuait ses esquisses pour la
galerie du Luxembourg. Il faut dire un mot de ces merveilles. En 1650,
elles étaient, dit-on, chez Claude Maugis, qui ne fut pas sans profit l’agent
de Marie de Médicis. Depuis lors, elles ont été dispersées. Rien au monde
ne saurait être plus fâcheux, car s’il était possible de les réunir un jour,
même dans une exposition temporaire, on verrait, mieux encore que dans
les peintures du Louvre, combien l’imagination de Rubens était féconde,
quelle ingéniosité il avait dans l’esprit, quelle verve souveraine conduisait
son pinceau. Dans la moindre de ces grisailles, les unes blondes, les
autres colorées de rose, de bistre et de blanc, il y a la flamme du génie.

Pour étudier les esquisses de Rubens, il faut aller à Saint-Pétersbourg
et à Munich. Ailleurs, il y en a peut-être quelques autres encore. Indé-
pendamment d’une grisaille représentant la reine en Pallas, l’Ermitage
possède le Mariage de Henri IV, la Naissance de Louis XIJ J, le Cou-
ronnement de Marie de Médicis et X Apothéose de Henri IV. Munich
est plus riche : Aillot, dans son catalogne du Louvre, parle de dix-huit
esquisses. Pour moi, je n’en compte que quinze, parce que je retranche
les peintures que Rudolf Marggraff lui-même signale comme des copies.
Deux des sujets de la série, Y Apothéose de Henri IV et le Couronnement
de la reine, se retrouvent à la fois à l’Ermitage et à la Pinacothèque : ce
sont des variantes, également originales et précieuses. Parmi les esquisses
qui, de Dusseldorf, sont passées à Munich, il en est une, Marie de Mé-
dicis conduite en prison, qui n’a pas été utilisée dans l’œuvre définitive.
Rubens et les agents de la reine mère ont jugé que le souvenir de ce
désagréable épisode ne devait pas être éternisé au moment où la paix
s’était faite. Enfin le Louvre possède, sur le même panneau, le projet de
deux groupes distincts, les Parques filant la destinée de Marie de Médi-
cis et le Triomphe de la Vérité.

Il y aurait presque de l’impertinence à dire que ces esquisses ont une
valeur d’art qui dépasse celle des tableaux. Nous n’irons pas jusque-là;
mais, après les avoir examinées sur place, nous devons déclarer que ces

'I • Voir les documents publiés par M. Pinchart, Archives des Arts, II, p. 173. Dans
son Histoire de la gravure, M. Hymans se demande avec inquiétude si le fou qui
poursuivit un instant Rubens ne serait pas Lucas Vorsterman dont l’esprit fut, en
effet, assez malade vers 1622.
 
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